Controverse AFNOR/CFCM autour du halal : lutte pour le pouvoir entre normocrates musulmans et laïques

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Une norme commerciale publiée par l’AFNOR définissant ce qui peut être vendu comme halal suscite l’opposition des dirigeants musulmans du CFCM. Affaire de gros sous, lutte entre religieux et laïques, mais, aussi affrontement de normocrates concurrents pour le pouvoir en France et dans le monde.
 
Est halal tout ce qui est licite pour les musulmans : cela s’oppose à haram, impur. Cela concerne notamment la nourriture, et en particulier la viande, qui peut être halal, à l’exclusion du porc, à condition qu’elle provienne de l’abattage rituel, la dhabiha. L’extension de l’islam hors des pays musulmans et la réponse que les industries agro-alimentaires y donnent ouvrent un marché de 600 milliards de dollars au halal, dont 5,5 en France. C’est ce qui a poussé l’AFNOR, l’association française de normalisation, placée sous la tutelle du ministère de l’industrie, à publier une norme commerciale définissant les produits pouvant bénéficier de l’étiquette halal. Le CFCM, le conseil français du culte musulman, était associé aux travaux préparatoires mais s’est dissocié bruyamment du processus.
 

Controverse entre le CFCM et l’AFNOR à propos du pouvoir

 
La nouvelle norme évite le sujet délicat de l’abattage rituel pour se focaliser sur la partie aval de la filière qui va de la matière brute au produit transformé, conserve, plats préparés, charcuterie, etc. Ceci afin de le rendre propre à la consommation par les musulmans, et à l’exportation. L’AFNOR a beau souligner le caractère « expérimental » et « volontaire » de cette norme, le CFCM dénonce cette « ingérence par l’AFNOR dans la définition du halal qui est du ressort exclusif des instances religieuses musulmanes ». Et Dalil Boubakeur, recteur de la grande mosquée de Paris, déplore la « prétention de l’AFNOR, organisme laïc et civil » à traiter de « licéité cultuelle ».
 
A quoi Nadine Normand, responsable du département agroalimentaire de l’AFNOR répond : « Nous ne sommes pas dans une définition du halal sur une exégèse des textes religieux. Grâce à cette norme, le fabricant aura des éléments qui l’aideront à organiser sa production pour prendre en compte les exigences du client ».
 

Une concession extraordinaire des laïques aux musulmans

 
Cette affirmation implique qu’une association laïque dépendant de l’Etat se fonde sur les données fournies par les représentants d’une religion pour concevoir une norme commerciale. Un coup de canif énorme à la laïcité au profit des musulmans. L’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste du marché halal et observatrice à l’AFNOR s’en inquiète : « La France aura sa norme halal, ce qui est quand même préoccupant ». Et elle ironise sur l’hypocrisie du CFCM, dont les responsables, selon elle, « font semblant de dénoncer un dispositif auquel ils ont participé et qu’ils n’ont pas dénoncé plus tôt, pour tenter de le contrôler ».
 
Le CFCM marche en effet sur des œufs. Il a lancé en mars 2016 une « charte halal » pour réglementer la licéité des produits carnés aux yeux des musulmans, mais si Aslam Timol, président de la commission halal du CFCM reconnaît que « c’est un sujet complexe », et qu’il veut « bâtir quelque chose de sérieux avec les opérateurs économiques et les pouvoirs publics », c’est qu’il sait qu’il y a un loup – plus exactement, un formidable sujet d’affrontement entre les musulmans et la société française, l’abattage rituel.
 

La viande « halal » soulève la France contre les musulmans

 
Celui-ci suscite en effet l’indignation de bien des citoyens qui n’ont pas de prévention particulière ni contre les musulmans ni contre l’islam mais s’inquiètent tant de la souffrance infligée aux animaux que du manque d’hygiène de certaines pratiques. Sans entrer dans la controverse, on peut noter aussi que la dérogation autorisée par l’Etat pour les pratiques rituelles a été étendue abusivement et engendre un problème politique.
 
Concernant la viande halal abattue selon les rites, il y a une forte demande des consommateurs non musulmans de la voir étiquetée, pour n’en pas consommer. Les pouvoirs publics, mis au courant par les associations, n’ont jusqu’à présent pas bougé, tant par crainte de mettre le feu aux poudres que pour tenir compte du poids des musulmans en France, et aussi des industriels qui veulent vendre leur viande.
 

La lutte des normocrates est une régression totalitaire

 
A la question des gros sous s’ajoute celle du pouvoir : qui doit édicter la norme en France ? On sait que les laïques mondialistes sont des normocrates, qui entendent imposer leur empire et leur vision du monde par un ensemble de règles, lois, règlements, directives, etc., appelés à dicter aux hommes, dans le détail et par le menu, tous leurs comportements. Or c’est exactement ce que l’islam fait pour les musulmans, les préceptes du coran, des hadiths et de la charia, enfermant le fidèle dans le filet sans trou d’une foi qui est aussi une loi.
 
Florence Bergeaud-Blackler s’interroge sur « l’extension de la normalisation » que constitue à ses yeux la norme AFNOR sur le halal. Il y a en effet là un combat fondamental entre normocrates « laïques » et musulmans pour la maîtrise d’un pouvoir total. Saint Paul, dans les pas du Christ, a su, dans la controverse des viandes consacrées aux idoles, libérer les chrétiens de la confusion du spirituel et du temporel que provoque le ritualisme alimentaire : les laïques, les musulmans, l’AFNOR et le CFCM sont entrés dans une tragique régression totalitaire.
 

Pauline Mille