Encouragé par la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, un Américain polygame réclame le mariage avec ses deux femmes

Encouragé par la décision de la Cour suprême des Etats-Unis, un Américain polygame réclame le mariage avec ses deux femmes
 
Aux Etats-Unis, un homme vient de faire une demande de licence de mariage au Montana pour épouser sa seconde femme. Il dit sa demande « inspirée » par la récente décision de la Cour suprême d’obliger tous les Etats à reconnaître le « mariage » des couples de même sexe.
 
Aux Etats-Unis, comme en France lors des impressionnantes Manif pour Tous, les opposants n’ont cessé de mettre en garde contre la nocivité de la loi elle-même, et contre ses conséquences, au grand dam des sectateurs du « mariage gay » qui les accusaient d’exagération et de malveillance. Mais la polygamie, comme le montre l’exemple de ce bigame du Montana en est l’une des conséquences inévitables : à partir du moment où le gouvernement accepte de « marier » des homosexuels aux seuls motifs de leur « amour » et de la non-discrimination, il n’y a plus aucune raison de ne pas accorder les mêmes droits à d’autres personnes qui affirment, elles aussi, s’aimer.
 

Après la légalisation du « mariage » homosexuel, des revendications pour un « mariage » polygame

 
C’est flanqué de ses deux femmes, Victoria et Christine, que Nathan Collier a déposé sa demande officielle de mariage devant le Tribunal du Yellowstone, à Billings. Comme l’ensemble des 50 Etats américains, le Montana interdit la bigamie mais Nathan Collier est décidé à porter son combat devant la justice en cas de refus.
 
« Il s’agit de l’égalité devant le mariage », a-t-il déclaré. « On ne peut prétendre la respecter sans autoriser la polygamie. »
 
Dans un premier temps, les fonctionnaires de l’état civil ont refusé la demande de Nathan Collier et de ses deux épouses, mais ils ont finalement répondu qu’ils allaient porter la demande devant le procureur avant de donner une réponse définitive. Ce qui montre à quel point la décision de la Cour suprême a bouleversé le sens du mariage.
 
Le conseiller juridique pour les affaires de droit civil Kevin Gillen a tenu à leur donner une réponse en personne : au terme de ses recherches, il a conclu que « la loi ne permet pas encore de le faire ». Pas encore.
 

Le président de la Cour suprême des Etats-Unis avait prévenu que l’étape suivante serait la polygamie

 
Le président de la Cour suprême, John Roberts, s’est opposé à la légalisation du « mariage » homosexuel le 26 juin dernier, date choisie par la Cour suprême pour l’imposer à tous les Etats américains. John Roberts a prévenu dans son opinion dissidente : « Il n’y aucune raison qu’on limite le mariage à deux personnes lorsque l’on n’exige plus qu’il soit contracté entre un homme et une femme. En effet, du point de vue de l’histoire et de la tradition, le fossé entre le mariage homme-femme et le mariage homosexuel est bien plus grand que celui qui existe entre l’union de deux personnes et les unions multiples, qui s’enracinent profondément dans plusieurs cultures à travers le monde. » Une simple question de logique : il n’y a plus aucune raison de ne pas entendre les personnes engagées dans des relations polygames lorsqu’elles affirment que l’impossibilité de se marier relève du manque de respect à leur égard.
 

Un Américain polygame veut avoir deux femmes légitimes puisqu’elles le supportent toutes deux

 
« Ma seconde femme Christine, avec laquelle je ne suis pas marié légalement, m’a supporté pendant des années. Elle mérite la légitimité », a insisté Nathan Collier.
 
Anne Wilde, co-fondatrice d’une organisation de défense de la polygamie, a été surprise par cette demande : pour elle, la majorité des personnes concernées ne réclame pas la légalisation de la polygamie mais simplement sa décriminalisation. Ce sont exactement les mêmes arguments qu’avançaient les militants homosexualistes il y a 20 ans.
 
Il y a deux ans, un juge fédéral a aboli certaines parties de la loi anti-polygamie de l’Etat de l’Utah, affirmant que la loi violait la liberté religieuse en interdisant la cohabitation, mais la bigamie est encore illégale à ce jour. Les « familles » polygames espèrent gagner en appel, et voient la récente décision de la Cour suprême d’un bon œil : « Nous espérons que la décision de la Cour suprême montrera la direction dans laquelle la nation doit aller. Une direction plus libérale, plus compréhensive envers les personnes qui forment les familles comme elles le souhaitent. »
 
Pour défendre la décision de la Cour suprême tout en refusant la légalisation de la polygamie, certains affirment que la polygamie est un choix tandis que l’homosexualité n’en est pas un. L’argument est faible : puisque la raison d’être du mariage a été supprimée, pourquoi trier parmi les revendications ?
 

Béatrice Romée