La crèche de la « miséricorde » de la place Saint-Pierre censurée par Facebook pour « provocation sexuelle »

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Installée depuis plus d’une semaine au centre de la place Saint-Pierre à Rome, au pied d’un magnifique sapin polonais, la crèche commandée spécialement pour cette année 2017 propose le thème des œuvres corporelles de miséricorde : on y voit des « santons » dont le regard ne se tourne pas vers la crèche où se trouve l’Enfant, recouvert d’une draperie rouge (on a enlevé le tissu blanc qui faisait penser à un linceul) en attendant Noël, mais vers des personnes dans le besoin : la famille, l’assoiffé, le prisonnier (un immigré de couleur bien sûr), et même le mort dont le bras ballant, bien cadavérique, qu’un homme s’apprête à ensevelir, affolera certainement plus d’un enfant. Facebook en a censuré l’image pour « provocation sexuelle » – excessif sans doute, mais cela mérite tout de même réflexion.
 
Les artisans commandités par l’abbaye de Montevergine en Campanie ont détourné la tradition des crèches napolitaines pour produire un ensemble finalement assez lugubre. Mais ce qui a attiré l’attention des censeurs de Facebook, c’est l’homme nu, bien rose, jeune, musclé, barbe naissante, reposant à quelques mètres de la scène de la Nativité, à qui un passant tend un drap blanc.
 

L’homme nu de la crèche place Saint-Pierre censurée par Facebook pour provocation sexuelle

 
Une publicité montrant cette image a été refusée par le réseau social au motif qu’on ne peut pas « inclure des images sexuellement suggestives ou provocatrices », comme on peut le voir ici.
 
Il est vrai que le jeune homme nu ressemble davantage à une publicité pour club de gym qu’à un pauvre hère qui aurait besoin d’un acte de miséricorde corporelle. Et l’auteur de l’œuvre, Antonio Cantone, a reconnu que sa crèche cherche à « faire penser » : « Elle ne laisse personne indifférent ; il y a des provocations. » Il l’a réalisée, a expliqué cet artiste qui a à son actif de nombreuses crèches beaucoup plus classiques, en y intégrant la « doctrine du pape François ».
 
Cantone a toutefois oublié parmi les œuvres de la miséricorde corporelle mises en scène sur 80 m2 à l’aide de 20 personnages de 2 mètres de haut celle qui a été ajoutée par François dans la foulée de Laudato si’ : le « soin de la création ».
 

Une crèche de la miséricorde selon le pape François

 
Si l’anachronisme et la mise en scène de la naissance du Sauveur au milieu de préoccupations de la vie quotidienne sont des grands classiques des crèches traditionnelles, qu’elles soient napolitaines ou provençales, celle de la place Saint-Pierre va beaucoup plus loin, d’autant que l’homme nu est au tout premier plan. Les autres personnages de la crèche semblent désorientés, s’égarant dans tous les sens, y compris saint Joseph qu’on met quelque temps à trouver parmi les différents acteurs.
 
C’est la crèche de l’homme au centre…
 

Jeanne Smits