Daech : les enfants recrutés par l’Etat islamique décapitent des poupées dans les camps d’entraînement en Syrie

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120 enfants âgés de 8 à 15 ans, alignés devant leur instructeur et sommés de décapiter une poupée avec leur épée : c’est le souvenir que raconte un petit Yézidi de 14 ans, enlevé et endoctriné par l’Etat islamique pendant cinq mois, avant de réussir à fuir la ville de Raqqa, en Syrie, dans laquelle il était retenu. Il fait partie des enfants recrutés par Daech pour ses camps d’entraînement.
 

Les enfants yézidis enrôlés de force par l’Etat islamique, convertis et entraînés à tuer

 
Avec son frère, « Yahya » – le nom que lui a donné l’Etat islamique – est allé chercher sa mère retenue quelques mètres plus loin dans le camp, et ils ont fui ensemble, en expliquant à ses camarades qu’ils allaient vider les poubelles. Un de leurs amis yézidis a refusé de les suivre : il avait choisi l’islam, raconte son ancien ami, et il « aimait l’islam ».
 
Lors de la prise des villages yézidis, l’Etat islamique a abattu les hommes et livré de nombreuses femmes et jeunes filles aux combattants pour qu’ils en fassent des esclaves sexuelles. Nombre de jeunes garçons ont été embarqués vers les camps d’entraînement, après avoir été convertis de force.
 

Les enfants décapitent les poupées, puis les hommes

 
Selon les témoignages recueillis auprès des Syriens ou Irakiens qui ont fui les zones contrôlées par l’Etat islamique pour se réfugier en Turquie, les djihadistes utilisaient des cadeaux et des sucreries aussi bien que l’intimidation et le lavage de cerveau pour transformer ces enfants en combattants. Et les enfants n’ont pas tardé à devenir des tueurs : on en voit certains, âgés d’à peine 13 ans, décapiter un soldat syrien dans l’une des dernières vidéos de l’Etat islamique. D’autres, du même âge, ont abattu froidement plusieurs prisonniers dans le théâtre antique de Palmyre. D’autres encore ont été envoyés commettre des attentats suicide, en Irak comme en Syrie.
 
Dans les écoles, les djihadistes de l’Etat islamique endoctrinent les enfants et les retournent parfois contre leur propre famille. Ils deviennent alors de fiers combattants du « califat ».

Les enfants sunnites attirés dans les camps d’entraînement de l’Etat islamique en Syrie deviennent des tueurs

 
L’endoctrinement concerne surtout les enfants musulmans sunnites qui vivent dans les régions contrôlées par l’Etat islamique, mais les enfants enlevés à d’autres communautés subissent le même sort.
 
Dans les camps, les enfants apprennent à tirer, s’entraînent physiquement et se battent entre eux.
 
« Yahya » (qui refuse de donner son vrai prénom pour des raisons évidentes de sécurité) a même été obligé de frapper son petit frère de 10 ans jusqu’à lui casser les dents : « J’étais obligé de le faire. L’instructeur m’a dit que si je ne le faisais pas, il allait me tuer. » Chaque jour, les enfants sont de toutes façons battus par les combattants de l’Etat islamique, pour les « endurcir ».
 
En plus des entraînements physiques, les enfants sont contraints d’apprendre le Coran par cœur, et notamment les passages qui justifient le meurtre des prisonniers et des infidèles.
 
Ce sont là exactement les activités présentées dans les vidéos de propagande diffusées par l’Etat islamique, dans lesquelles les enfants partagent leurs journées entre l’apprentissage du Coran et le maniement d’armes parfois plus grosses qu’eux.
 

Daech recrute jusque dans les camps de réfugiés, en Turquie

 
Si le nombre exact de camps n’est pas connu, l’Etat islamique affirme en avoir des centaines.
 
Selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme, au moins 1.100 enfants syriens de moins de 16 ans ont rejoint l’Etat islamique cette année. Le recrutement se fait souvent dans la rue, ou par le biais des vidéos de propagande.
 
Un habitant de Raqqa, fermement opposé à l’Etat islamique, a fini par fuir la ville. Il raconte que les combattants distribuent des jouets dans la rue, et attirent ainsi les enfants à eux, parfois même contre l’avis des parents qui sont alors considérés comme apostats. Les combattants s’adressent ainsi aux adultes dans les rues : « Nous avons renoncé à compter sur vous, nous nous occupons de la nouvelle génération. »
 
Certains parents retirent donc leurs enfants des écoles, et sont parfois condamnés à fuir pour éviter de voir leurs enfants rejoindre l’organisation terroriste. En Irak certains parents racontent avoir vu un livre de lecture distribué aux écoliers et intitulé Preuve de l’hérésie de ceux qui soutiennent la campagne des Croisés contre le califat islamique.
 
Même dans les camps, les enfants ne sont pas à l’abri. Certains jeunes sont payés 100 dollars (300 livres turques) par mois par l’Etat islamique pour attirer de nouvelles recrues.
 
« Ils nous apprennent à haïr », résume une des anciennes recrues de l’Etat islamique, âgée de 15 ans et aujourd’hui réfugiée en Turquie.
 

Béatrice Romée