COMEDIE DRAMATIQUE
Je danserai si je veux •


 
Je danserai si je veux est un film israélien qui s’intéresse, avec bienveillance, ce qui n’est pas si fréquent là-bas, à la communauté dite des Arabes israéliens. Il s’agit des 15 % de citoyens israéliens qui ne sont pas juifs mais arabes, et massivement musulmans, même si subsiste en leur sein une minorité chrétienne, placée dans la situation très difficile de minorité de la minorité. Cette communauté s’exprime en arabe, mais une bonne partie d’entre elle parle désormais très correctement aussi hébreux, langue de communication forcée, indispensable sur le marché du travail, depuis plusieurs générations.
 
Je danserai si je veux s’intéresse précisément au destin de trois jeunes femmes, âgées d’une vingtaine d’années, qui subissent les pressions fermes, plus ou moins aimablement formulées, de leurs familles en vue du mariage. Les parents se montrent relativement ouverts : elles ont le droit de choisir parmi des prétendants présentés par eux. Ils se désolent de leur fuite à la perspective du mariage. Elles ont toutes trois des capacités intellectuelles, le goût, au moins pour deux des trois, de faire la fête à Tel-Aviv, en se mélangeant concrètement avec les juifs… Une mère de famille a certainement d’autres préoccupations que de s’amuser, et il y a chez ces jeunes femmes une contamination de l’hédonisme post-soixante-huitard, via l’atmosphère très particulière de Tel-Aviv – tout Israël ne ressemble pas, de fort loin, à cette enclave particulière.
 

Je danserai si je veux, un quasi-documentaire

 
Deux de ces trois jeunes femmes – l’autre est strictement voilée – peuvent parfaitement passer dans la rue ou dans les bars pour des Israéliennes parmi d’autres. Elles le font volontiers, sans vouloir renier leur identité palestinienne, paradoxe bien décrit dans le film. L’une est artiste, relativement bien intégrée comme animatrice de bar à la vie nocturne de la métropole israélienne, tandis que l’autre est avocate, fière de défendre des causes. La jeune fille musulmane pieuse est étudiante en informatique, et aimerait travailler à domicile à l’avenir. Mais les obstacles s’accumulent. Le fiancé de l’avocate aspire à la voir voilée, et épouse et mère, dans son village, ce à quoi elle se refuse. Les islamistes, derrière la façade de pudeur très scrupuleuse, ne maîtrisent guère leurs bas instincts. Tartuffe est très présent parmi eux, à ceci près, grande différence entre le christianisme et l’islam, qu’ils trouveront toujours des justifications coraniques authentiques à leurs mauvais comportements.
 
Je danserai si je veux intéresse beaucoup par son aspect quasi-documentaire. Par contre, on déplorera la morale, ou plutôt l’antimorale dans l’air du temps : l’un des trois personnages féminin souffre de goûts particuliers ; sa famille manifestera une franche désapprobation…Le point de vue du film est évidemment de dénoncer cet « archaïsme », alors qu’il s’agit de bonnes mœurs…C’est bien dommage.
 

Hector JOVIEN

 
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