Un réseau de pilleurs d’églises vient d’être démantelé dans le Pas-de-Calais. Une affaire « hors norme » pour la gendarmerie locale, qui met en cause « des spécialistes du vol d’objets du culte ». De tels actes montrent une perte de respect pour le sacré dans la société, que révèlent aussi les nombreuses destructions de lieux de culte.
Le procureur de la République à Béthune, Philippe Peyroux, démontre le caractère organisé du gang dont la tête vit dans le midi, et souligne la gravité des faits, qui encourent jusqu’à quinze ans de prison. Mais ni la police ni la justice n’ont examiné à fond les raisons qui permettent de tels crimes. Le nombre d’églises fermées pour éviter pillage ou squattage révèle pourtant la plus évidente : la perte du sens du sacré populaire fait de l’objet religieux un objet comme un autre, volable ou dégradable comme un autre. Les élites ne raisonnent pas autrement : pour les maires, les églises sont des bâtiments comme les autres, non pas volables, mais cessibles comme les autres. Ainsi Bertrand Delanoë a-t-il vendu Sainte Rita, dans le XVème arrondissement de Paris, à un promoteur qui veut la démolir pour la remplacer par des logements sociaux. On y célèbre pourtant une messe par jour, trois par dimanche et 250 mariages ou baptêmes par an. Mais la commission du vieux Paris, qui dépend de la mairie, a décidé qu’elle n’a pas d’intérêt patrimonial.