En démocratie, on recase les copains : le cas Laurent Beauvais

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Laurent Beauvais recasé sur proposition de Manuel Valls.

 
La gauche a fait grise mine aux élections régionales de décembre dernier. Si bien qu’un certain nombre de socialistes se retrouvent aujourd’hui en disponibilité. Mais la gauche est toujours au pouvoir. Si bien que les perdants d’hier ont, pour certains, retrouvé des postes… et des prébendes. C’est pratique la démocratie : on y recase les copains…
 
Ainsi, à peine un mois après la défaite de la gauche dans la nouvelle grande région normande, Laurent Beauvais, ancien président de la région Basse-Normandie (l’appellation n’a d’ailleurs toujours pas disparu de son blog) vient d’être nommé, en conseil des ministres, « conseiller maître en service extraordinaire » à la Cour des comptes sur proposition du premier ministre.
 

On recase les copains

 
Laurent Beauvais était candidat sur la liste socialiste – dont il avait laissée la tête à son homologue sortant de la région Haute-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol. L’élection perdue au profit de la collation de droite-centre, Laurent Beauvais a donc perdu la présidence de région qu’il n’aurait de toute façon, du fait de la fusion, pas conservée.
 
Pas désœuvré pour longtemps, l’ancien président de région. D’abord, il a tout de même été réélu conseiller régional de l’Orne. Ensuite il est, depuis 2001, président de la communauté de communes d’Argentan intercom. Enfin, il est depuis septembre président du tout nouveau conseil d’administration du Haras du Pin.
 
Manifestement, cela risquait de ne pas suffire… Aussi a-t-il été nommé mercredi à la Cour des comptes en tant que « conseiller maître en service extraordinaire », sur proposition du premier ministre Manuel Valls, pour une durée de cinq ans.
 
Selon un membre de la prestigieuse institution cité dans la presse, cette nomination relève de la « voie de garage bien pratique ». « Traditionnellement, précise cet anonyme, ce poste est fait pour récompenser des préfets ou d’autres gens dont on ne sait plus quoi faire dans l’administration. Mais en général, ce ne sont pas des politiques qui sont recasés. » En général…
 
Laurent Beauvais a lui-même confirmé cette nomination : « On m’a proposé d’intégrer la Cour des comptes, je suis heureux de pouvoir travailler dans cette instance afin de proposer des rapports au gouvernement sur le fonctionnement de l’État. »
 

Un fromage pour Laurent Beauvais …

 
Les conseillers maîtres en service extraordinaire ont cependant une mission qui ne doit pas trop les fatiguer, puisqu’il y a déjà des conseillers maîtres ordinaires, si l’on peut dire, pour l’accomplir : « Ils sont normalement, précise la même source, chargés des mêmes taches que les conseillers maîtres, qui relisent et valident les rapports, et perçoivent les mêmes émoluments. » Superbe !
 
Certes, la nomination n’est pas renouvelable. Mais comme Laurent Beauvais a déjà 63 ans, cela lui importe sans doute assez peu…
 
Du côté des Républicains, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le porte-parole du parti, Valérie Debord, a lancé : « Le recasage des copains battus, c’est maintenant ! » Cela dit, il conviendrait sans doute de ne pas trop insister sur ce point…
 

Une démocratie mal en point

 
Le cas de Laurent Beauvais ne constitue pas, pour l’heure, un cas isolé. Il y a trois semaines, le syndicat Sud, qu’on ne peut pas précisément classer à droite, dénonçait un cas semblable de nomination au sein de l’AFPA (association de formation professionnelle des adultes) cette fois.
 
Dans un texte intitulé « L’AFPA, colonie bananière », le syndicat déclare :
 
« A peine un mois après le naufrage de la flotte socialiste en PACA, l’AFPA accueille sa 1ère réfugiée politique !
 
« Pascale Gérard, qui était présidente de la commission formation professionnelle de l’Association des Régions de France et vice-présidente de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, vient d’être nommée par le président Barou “Directrice des Relations Partenariales et de la Diversité” (sic) de l’AFPA.
 
« Congédiée par le peuple le 6 décembre, elle retrouve un emploi le 22 décembre ! Bel exemple de sécurisation des parcours professionnels ! Elle est pas belle la république ! », etc.
 
On comprend l’indignation qui fait suite à de tels procédés.
 
Les politiques devraient faire plus attention dès lors. Car à force de fâcher des gens de plus en plus proches d’eux, le risque grandit de voir se renouveler les défaites électorales. A moins que, convaincus de n’avoir plus rien à perdre, leur politique soit désormais : après moi le déluge…
 

François le Luc