Démolition est un drame américain, au sujet douloureux et délicat : un homme s’effondre totalement après la mort accidentelle de son épouse. Il n’est pour rien dans sa mort, mais il n’arrive pas, du moins sur l’essentiel du film, à surmonter le paradoxal traumatisme du survivant : pourquoi dans l’accident de circulation n’en est-il sorti lui qu’avec des blessures physiques légères, très rapidement résorbées, alors que son épouse est morte ? En outre, il déplore le caractère très quotidien de leur dernier échange, chose imprévisible alors, qui n’avait rien d’une déclaration d’amour, mais portait sur des considérations très quotidiennes, sur une question de pénible fuite d’eau dans leur domicile…
 
Démolition ne trompe pas dans son titre… Tout au long du film, le veuf éploré démolit tout. Littéralement… Le malheureux, pris de crises de rage, casse tout chez lui, ou au travail. Son entourage s’inquiète, et on le comprend. Il est fort possible que la raison vacille après un drame affreux. Mais quel est l’intérêt cinématographique d’un tel jeu de massacre du mobilier ? Aucun. Il aurait suffi, d’une, au plus deux scènes brèves sur le sujet. Cet étalement interminable de violence destructrice, autodestructrice, permet de soupçonner un déplorable vide du scénario. Y aurait-il quelque fable anticapitalistique dénonçant la vacuité du métier de banquier d’affaire ? Ce serait une facilité, et ce n’est pas évident du tout, car on imaginerait facilement un jardinier détruisant sa serre avec une rage identique, puisque tel est le concept de Démolition.
 

Démolition, un film complètement raté

 
La romance amoureuse, qui se construit laborieusement, avec la charmante directrice de l’hôpital, offre une rupture de ton bizarre, et s’avère du reste trop prévisible dans ses modalités – il ne faut pas aller trop vite surtout – et sa conclusion.
 
Sur un sujet délicat, ce manque absolu de finesse et ce vide du propos font que Démolition est complètement raté.
 

Hector Jovien