POLICIER Diamant noir ♥♥♥


 
Diamant noir est un excellent film policier, qui cumule les qualités propres au genre. Il s’agit d’un policier vu du côté des bandits, décrits de manière cohérente, avec toute la noirceur dont ils sont capables, mais sans zèle inutile dans la violence meurtrière, comme le sont probablement les vrais grands cambrioleurs « professionnels ». Diamant noir, comme le titre l’indique, s’intéresse à un milieu original, celui des diamantaires d’Anvers. Ils sont très souvent juifs, particularité aussi bien connue.
 
Anvers, la grande métropole flamande, port dans l’embouchure belge de l’Escaut, est en effet une des capitales mondiales du diamant, pour sa taille et sa commercialisation. Les diamants intéressent évidemment les voleurs. Les diamantaires travaillent donc en milieu particulièrement protégé, aux règles strictes, ce qui est bien montré. L’art de la taille du diamant, les qualités des pierres sont aussi exposés au fil du récit, qui, sans ennuyer jamais, comprend un intéressant aspect quasiment documentaire. Le film présente également une variation sur la légende de la fondation d’Anvers, qui correspond à l’étymologie flamande, étymologie populaire ou légendaire, la main [d’un géant] jetée au loin – lancer la main/Ant-werpen.
 

Diamant noir, un film mené de manière remarquable

 
L’histoire débute à Paris : un petit délinquant, jeune trentenaire, de mère italienne et de père juif flamand d’Anvers, survit en commettant des cambriolages, en dérobant, de manière professionnelle, les objets que lui désigne un commanditaire. Son principal sinon seul ami et mentor est son chef de bande, Nord-Africain de Barbès, superficiellement fort sympathique, mais nonobstant chef de bande. Le jeune antihéros n’a plus de famille. Il est interpellé subitement par la police, qui lui apprend la mort de son père – perdu de vue depuis longtemps – dans une rue de Paris : il survivait dans un foyer pour SDF. A l’enterrement, accompli selon un rituel juif qu’il ignore totalement, il rencontre son oncle, sa tante, son cousin germain, diamantaires d’Anvers, qu’il ne connaît absolument pas. Ils auraient été totalement odieux avec son père, qui aurait fini handicapé – une main coupée dans un accident montré en début de film – par leur faute, puis enfermé abusivement en hôpital psychiatrique, et spolié. Son cousin lui tend la main, en lui proposant de réaliser des travaux dans leurs locaux à Anvers. Il accepte cette offre généreuse, charitable sans en avoir stricto sensu l’air, mais avec l’intention de venger son père, en réalisant un ambitieux et difficile cambriolage des diamantaires.
 
Les choses seront plus compliquées. L’intrigue est fertile en rebondissements, qui suivent le développement logique des personnages. Certaines scènes réserveront le film aux adultes ou grands adolescents. L’approche de l’âme humaine est juste : les gens tout blanc ou tout noir n’existent pratiquement pas, tous sont plus ou moins gris. Si l’ultime fin ne convaincra pas forcément, le film est mené de manière remarquable, sur près de deux heures sans ennuyer un seul instant.
 

Hector Jovien

 
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