La difficile réforme économique de la France n’est rien par rapport à l’immigration future

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Il est toujours instructif de voir comment l’étranger juge la situation intérieure de la France. Après l’élection d’Emmanuel Macron, William Hague, membre de premier plan du parti conservateur britannique, a signé une tribune dans le Telegraph de Londres où il semble croire que le nouveau président français a réellement la volonté de libérer la France de son carcan bureaucratique, fiscal et syndical pour une réforme économique indispensable. Mais quoi qu’il en soit de la sincérité de Macron, Hague a raison de dire qu’une telle réforme sera difficile. Il ajoute que cette difficulté n’est d’ailleurs rien par rapport à deux autres problèmes majeurs : la réforme de la zone euro et la pression future de l’immigration, qui s’annonce plus forte encore qu’en 2015 selon le chroniqueur.
 
Pour ce qui est de la réforme de la zone euro, William Hague – qui n’est pas précisément un européiste convaincu – note que la solution proposée par Emmanuel Macron sera malaisée à mettre en œuvre. Comment le sait, Macron est favorable à une accélération du fédéralisme politique par la mise en place d’un ministre des finances et d’un budget pour l’ensemble de la zone euro, ce qui consisterait dans les faits à mutualiser la dette entre les différents pays qui la composent.
 

L’immigration future qui menace la France et l’Europe

 
Cela reviendrait notamment à obliger l’Allemagne à partager l’endettement de pays comme la Grèce ou l’Italie… Et des pays comme ces derniers se trouveraient pieds et poings liés par rapport à l’Allemagne qui en tant que payeur, aurait encore davantage de poids pour leur dicter leur conduite politique et économique à mesure que les contribuables Allemands débourseraient de plus en plus de fonds pour éponger leurs déficits. « Sans une telle réforme la zone se dirige à terme vers une crise et vers une désintégration », assure William Hague, tout en reconnaissant que les peuples de la zone euro n’ont guère envie d’abandonner le contrôle qu’il leur reste sur leurs propres affaires. Sans compter que les Allemands n’ont pas davantage de raisons de vouloir payer pour les voisins.
 
« Macron se heurtera au scepticisme de Berlin », juge William Hague. Mais il y a un autre dossier encore plus brûlant selon lui. « La crise qui risque le plus de submerger l’Europe au cours des années qui viennent en amenant des leaders populistes nationalistes comme Marine Le Pen au pouvoir, c’est une montée incontrôlable de l’immigration depuis l’Afrique et le Moyen-Orient. La population dans ces régions devrait doubler au cours des 30 années à venir, ce qui représentera une hausse de plus d’un milliard de personnes », estime le conservateur britannique.
 
Venant de pays « mal gouvernés, offrant peu de possibilités, sujets à la désertification et aux conflits internes », il est « prévisible et compréhensible » que de nombreux habitants de ces régions tenteront de migrer vers l’Europe, souligne William Hague. « Si c’est le cas, le nombre de personnes concernées dépassera de très loin tout ce que nous avons vu jusqu’à présent. Il y a deux étés, l’arrivée d’un million de migrants a eu des répercussions très importantes, mettant en danger le leadership d’Angela Merkel, poussant certains pays de l’UE à fermer leurs frontières de manière unilatérale et créant une tension quasi irréversible entre des pays comme la Hongrie et la Pologne et le reste de l’Union européenne. Mais les mathématiques les plus simples permettent de voir une crise de bien plus grande ampleur se prépare ».
 

William Hague évoque la difficile réforme économique que devra faire Macron… sans oublier le reste

 
Hague accuse Bruxelles et les autres capitales de l’UE de chercher des solutions immédiates mais sans lendemain – « comme par exemple en achetant la coopération turque ». « Il n’y a pas de réponse simple : un mur façon Trump, même s’il s’agissait d’une solution désirable, ne saurait être construit tout autour de l’Europe ».
 
Les solutions proposées par Hague passent par une plus grande fermeté du contrôle des frontières et de mesures dissuasives qui mettent fin aux tentatives d’arriver par des moyens dangereux, et par de plus amples et plus coûteux programmes d’intégration au bénéfice des migrants qui sont déjà là. Homme du sérail, Hague souhaite également promouvoir le ralentissement de la croissance démographique dans les pays d’émigration par le biais d’un développement de la nutrition, de l’éducation, et de la lutte contre la maladie. Tout cela passerait, bien sûr, par l’augmentation de l’aide au développement, suivant l’exemple britannique d’ailleurs.
 
Mais s’il est vrai que le problème en Afrique au Proche-Orient est d’abord politique, comment faire confiance à cette nouvelle pompe à phynance ?
 

Anne Dolhein