Un document confidentiel révèle que l’Union européenne prévoit d’expulser plus de clandestins

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Le Times s’est procuré un document confidentiel qu’il a rendu public le mercredi 7 octobre. Des ministres européens de l’Intérieur y détaillent leur volonté d’augmenter le nombre d’expulsions de clandestins dont la demande d’asile a été rejetée. Le plan s’appliquerait notamment aux personnes qui ne fuient pas un pays en guerre.
 
Cette année, 400.000 clandestins arrivés dans l’Union européenne ne verront probablement pas leur demande d’asile agréée. C’est un minimum : le chiffre pourrait augmenter avec la poursuite de la vague migratoire considérable que subit actuellement l’Europe.
 
Les chiffres de la Commission européenne montrent que si un peu moins de 40 % des demandeurs déboutés quittent effectivement l’Union européenne, les autres restent.
 

L’Union européenne cherche à augmenter le nombre d’expulsions de clandestins

 
Le but de cette nouvelle action n’est pas seulement d’expulser des personnes qui n’ont rien à faire en Europe, c’est également de dissuader. Une politique prônée depuis très longtemps par de nombreux commentateurs qui se voient alors systématiquement accusés des pires horreurs.
 
« Une augmentation du taux d’expulsion devrait agir comme une forme de dissuasion contre l’immigration illégale », explique par exemple le document, discuté ce jeudi 8 octobre par les ministres européens de l’Intérieur.
 
Le plan d’action prévoit notamment la création d’une unité spéciale dédiée aux expulsions au sein de l’agence européenne de surveillance des frontières. Les Etats qui n’appliqueraient pas la loi en termes d’expulsion des clandestins pourraient être contraints à une amende. Les temps changent, s’il faut en croire ce document.
 

Le document confidentiel de l’UE sur l’expulsion de clandestins contredit le langage de l’« accueil »

 
Le document prévoit également la distribution d’un « laissez passer » pour les clandestins qui arrivent en Europe sans papiers : il permettrait donc la circulation jusqu’au pays de transit ou d’origine. Dans le premier cas, difficile d’imaginer que la Turquie, pour ne citer que ce pays de transit-là, accepte d’accueillir les centaines de milliers de clandestins qui quittent ses côtes pour l’Europe.
 
Pour encourager les pays d’origine à œuvrer conjointement avec l’Union européenne, cette dernière prévoit également d’augmenter les aides distribuées en cas de retour des clandestins. A l’inverse, elle pourrait les réduire ou les supprimer si les pays refusaient le retour de leurs ressortissants.
 
« Un bon équilibre entre pression et motivation doit être trouvé », explique le document.
 
Une autre opération de l’Union européenne, EUNAVFOR MED, est par ailleurs entrée en seconde phase mercredi : après avoir reconnu le terrain, des navires sont désormais partis à la recherche des passeurs et de leurs réseaux. Six bateaux sont en place dans les eaux internationales qui longent la côte libyenne, pour tenter d’empêcher les trafics de clandestins.
 
Une seule question : pourquoi avoir attendu tant de temps, avoir laissé tant de centaines de milliers de clandestins rentrer ?
 

Béatrice Romée