Le Pentagone teste avec succès un essaim de drones Perdix, arme multiple dotée d’une intelligence collective

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Minuscules et groupés : 103 micro-drones « Perdix », testés en octobre par le Pentagone, vont contribuer à faire entrer les armes dans le XXIe siècle. Ce succès, révélé lundi, constitue un pas important dans le domaine des nouvelles armes autonomes, permis par de nouveaux développements dans l’intelligence artificielle. Le principe consiste à faire en sorte que des groupes de petits robots puissent agir de façon coordonnée sous la direction, à distance, de militaires.
 
Les stratèges nourrissent de grands espoirs à l’égard de ces essaims de mini-drones peu coûteux à l’achat et capables de submerger les défenses de l’adversaire en raison de leur nombre. Ce type de matériel volant paraît tout particulièrement indiqué dans les guerres asymétriques ou urbaines du type de celles menées contre les factions islamo-terroristes.
 

Perdix : des drones de 16 cm agissant comme un essaim naturel

 
Les drones utilisés pour les essais menés en Californie ne mesurent pas plus de 16 centimètres. Ils ont été largués depuis trois avions de chasse F/A-18 Super Hornet. « L’essaim s’est comporté comme une unité de décision collective, adaptant sa formation en cours de vol et réagissant aux impondérables », a expliqué le Pentagone dans un communiqué.
 
« Les Perdix ne forment pas un groupe d’éléments préprogrammés et synchronisés, ils forment un organisme collectif, partageant un cerveau commun pour prendre des décisions et s’adapter les uns aux autres, comme le font les essaims dans la nature », explique William Roper, directeur de l’Office des ressources stratégiques du Pentagone, créé par l’actuel secrétaire à la Défense Ash Carter, en 2012. « Chaque Perdix communique et collabore avec chaque autre Perdix, ce qui permet à l’essaim, qui n’a pas de chef, de s’adapter avec bonheur chaque fois que des drones entrent ou sortent de l’équipe », ajoute-t-il.
 

Le Pentagone mise sur l’intelligence artificielle collective pour ses futures armes

 
Ce succès n’est qu’une étape du vaste programme d’intégration des nouvelles technologies dans l’arsenal militaire américain. Le Pentagone tient à piocher dans les techniques existantes, déjà commercialisées, pour constituer de nouvelles armes. Le Perdix a été conçu, à l’origine, par des étudiants du Massachusetts Institute of Technology en 2013. Régulièrement amélioré depuis, il s’inspire des composants utilisés par l’industrie du smartphone.
 
L’essaim de Perdix pourrait d’abord être destiné à des missions de surveillance, même si l’armée pourra aussi l’utiliser dans des missions d’élimination ciblée d’adversaires. Cet essaim de systèmes de petite taille, d’un faible coût de revient et autonome, pourra remplir des objectifs qui aujourd’hui mobilisent des équipements volumineux et coûteux, expliquent les autorités. Ces robots et drones tueurs sont prêts à révolutionner l’art de la guerre dans les années à venir : ils permettront aux puissances de traquer leurs ennemis sans risquer la vie de leurs propres soldats. Certes l’adversaire pourra ensuite s’emparer de cette technologie, dont le coût réduit facilite l’accès. Mais les bandes terroristes, mobiles et instables, peineront quoi qu’il en soit à maintenir le centre opérationnel sophistiqué qui reste – pour l’instant – indispensable à la gestion de ce type d’armes.
 

Matthieu Lenoir