Selon une étude Edubron de l’université d’Anvers, plus on parle de développement durable aux lycéens, moins ils y croient

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S’il est une donnée de l’expérience que les sectateurs du réchauffement climatique et du développement durable ont oubliée, c’est que les jeunes, depuis que le monde est monde ou, plutôt, depuis que la nature humaine a été blessée par le péché originel, supportent mal qu’on leur fasse la leçon. Les préceptes moraux et la bonne conduite ne se transmettent pas à force de matraquage, parce que ce ne sont pas des fins en soi. Une étude du groupe de recherche Edubron, de l’université d’Anvers, vient le confirmer sans appel. Plus on parle de développement durable et de respect de la nature aux collégiens et aux lycéens, moins ils en appliquent les consignes dans leur vie quotidienne. En clair, ils n’y croient pas.
 
La Belgique n’est pourtant pas en reste en matière de sensibilisation au développement durable et au réchauffement climatique. Ecoles, collèges et lycées, appliquant à la lettre des programmes qui font de l’éducation au respect de l’environnement l’un des objectifs clefs de la scolarisation, multiplient les initiatives, les cours, les activités.
 

Edubron : on peut faire un rejet face au développement durable

 
L’enquête auprès de 3.000 personnes a permis de constater que les collégiens et les lycéens en savent long sur la nature, davantage sans doute que leurs prédécesseurs. Mais dans leurs choix de vie et de comportement, cela ne fait aucune différence. Plus ils avancent dans leur scolarité, moins ils y croient : ils sont même de moins en moins sensibles à sa beauté, à son lien avec l’homme.
 
Et si c’était parce que la nature est présentée comme un Moloch hostile, qui ne tolère plus les hommes qui vivent en son sein ?
 

Une importante étude de l’université d’Anvers

 
« Ils ont beau apprendre, par exemple, à trier leurs déchets, à faire baisser leur consommation d’eau et d’énergie, ils n’adaptent pas leurs comportements, et en dehors de la classe, ils en tiennent de moins en moins compte », se lamentent le Pr Peter Van Petegem et le chercheur Jelle Boeve-de Pauw, après avoir enquêté auprès de 101 établissements scolaires flamands. 2.152 élèves, 1.374 enseignants et 231 anciens élèves ont participé.
 
La moitié des élèves des écoles secondaires estiment qu’« on se fait trop de souci à propos de la pollution » ; un élève sur deux, encore, se sent « lié aux plantes et aux animaux » ; seul un sur trois pense que « son bien-être est lié au bien-être de la nature ».
 
C’est « inquiétant », selon les chercheurs.
 

Des lycéens imperméables au discours moral : ils n’y croient plus

 
S’il s’agit de s’inquiéter du manque du sens des responsabilités dont de telles statistiques sont – indépendamment de tout jugement sur la pertinence des discours sur le développement durable – on peut en effet les suivre. La jeunesse a besoin de repères et c’est l’éducation qui la leur donne. Ils ont besoin d’être éduqués à la liberté, de recevoir des repères moraux, des interdits. Toute vie en société suppose des règles de bonne conduite et même l’apprentissage de l’esprit de sacrifice pour un plus grand bien, pour le bien commun. Leur imperméabilité à ces choses est-elle générale ? Le discours des adultes n’est-il, pour eux, que verbiage moralisateur ?
 
Mais l’inquiétude devient plus relative au vu du véritable matraquage idéologique qui est exercé sur les jeunes Flamands : s’ils y résistent – parce qu’il est idéologique – et s’ils y croient de moins en moins, c’est que tout n’est pas perdu. Rêvons un peu : ces jeunes ont peut-être gardé ou développé un esprit sainement critique. Ils se révoltent contre une volonté de ravaler l’homme au rang des bêtes, de l’infantiliser, de faire de la nature son idole alors qu’elle lui a été donnée pour croître – et qu’elle n’est pas son horizon ultime.
 
Non, décidément, elle ne fonctionne pas, la fausse morale prêchée au nom de la santé (tu ne fumeras pas, tu mangeras cinq fruits et légumes par jour) ou au nom de la Planète (tu jetteras le carton avec le papier, anathème sois-tu si tu y ajoutes du papier cadeau, ce n’en est pas un pour le recycleur…).
 
Peut-être les jeunes Flamands finiront-ils par le comprendre : on voudrait faire passer la morale prêchée par amour pour conduire au ciel pour ringarde, étouffante, déconnectée de la vie. Mais les règles imposées – à la manière du lavage de cerveau – pour elles-mêmes sont bien plus tyranniques.