L’Eglise patriotique de Chine officielle célébrera cette année soixante ans d’ordinations épiscopales « indépendantes »

Eglise Chine patriotique ordinations épiscopales soixante ans
 
Le régime communiste chinois ordonne lui-même les évêques de son Église officielle depuis le refus par le Saint-Siège d’approuver l’ordination faite sans le consentement de Rome de Bernardin Dong Guangqing en 1958. Ce prêtre franciscain fut alors excommunié avant d’être finalement reconnu par le pape en 1984. Mais malgré cette reconnaissance et la réconciliation au début des années 1990 du premier évêque illégitime de l’Eglise chinoise officielle ou « patriotique » avec l’évêque clandestin de son diocèse de Hankou, il existe toujours en Chine deux Eglises parallèles : l’Eglise catholique clandestine restée en communion avec l’évêque de Rome et l’Eglise chinoise officielle qui procède depuis soixante ans à ses propres ordinations épiscopales sous l’égide de Pékin.
 

Eviter à l’avenir les ordinations épiscopales illégitimes en Chine ?

 
Comme pour les autres religions, le Parti communiste tient à exercer un strict contrôle sur les esprits des fidèles en prétextant une nécessaire sinisation, ce qui n’a pas empêché le pape François de prétendre que la religion est pratiquée librement en République populaire de Chine. Plus récemment, c’est le chancelier de l’Académie pontificale des sciences sociales, un proche du pape François, qui assurait au retour d’un voyage en Chine communiste que l’Empire du Milieu est aujourd’hui le pays qui met le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Église. Le régime chinois peut donc triompher pour les 60 ans de ses ordinations épiscopales parallèles accompagnées de répressions à l’égard de l’Eglise clandestine. Aujourd’hui, c’est le Vatican qui demande même à des évêques légitimes de céder leur place à d’autres évêques nommés par l’Église patriotique sous le contrôle du pouvoir communiste.
 

Le Saint-Siège semble prêt à sacrifier l’Eglise clandestine au profit de l’Eglise officielle « patriotique »

 
Joseph Ma Yinglin, excommunié en 2006 pour s’être fait consacrer évêque sans l’approbation du pape, prélat de l’Association patriotique des catholiques chinois (l’Eglise patriotique, autorisée) et président de la Conférence des évêques (officiels) de Chine, est un des sept évêques illégitimes actuellement en attente d’une reconnaissance officielle du Saint-Siège.
 
A l’occasion de la visite rendue le jeudi 8 février par M. Wang Yang, directeur de l’administration publique des Affaires religieuses et membre du Comité permanent du politburo chinois, à la Conférence des évêques et à l’Association patriotique des catholiques chinois, Joseph Ma Yinglin a annoncé que ces deux organisations prévoyaient d’organiser un symposium cette année pour commémorer 60 ans « d’auto-élection et auto-ordination » des évêques. Deux jours avant sa visite, Wang Yang soulignait lors d’une rencontre avec les organisations religieuses chinoises que les religions « doivent mettre intégralement en œuvre les lignes directrices du Parti pour les activités religieuses et adhérer à la politique de sinisation des religions ».
 

Soixante ans d’ordinations épiscopales illégitimes et un plat de lentilles ?

 
Selon certains médias qui citent des sources au Vatican, le Saint-Siège voudrait absolument aboutir à un accord avec la Chine communiste pour mettre fin aux ordinations épiscopales illégitimes. Mais pour le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong-Kong, « Le Saint-Siège choisit la compromission et pour finir il se vend lui-même pour aplanir les difficultés. Mais ce n’est pas cela que Dieu attend de l’Eglise et cela n’est en rien fidèle à la mission que Jésus a confiée aux apôtres. »
 

Olivier Bault