L’Église grecque-catholique melkite en crise ouverte

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Entre le 8 et le 14 juin, Réinformation TV a consacré pas moins de cinq articles aux tensions nées dans le monde orthodoxe quant à la tenue du « grand concile panorthodoxe » qui s’est finalement ouvert en Crète dimanche 19 juin dernier, mais en l’absence de quatre Églises sur 14. Au lieu de l’unité des Églises, qui devait se manifester dans ce concile panorthodoxe, c’est une division que nous constatons. Mais les orthodoxes ne sont pas les seuls à exposer leurs divisions. Certains catholiques ne sont pas de reste…
 

Le synode de l’Église grecque-catholique melkite suspendu sitôt ouvert

 
L’Église grecque-catholique melkite est une Église orientale rattachée à Rome depuis 1724. Le siège de son patriarcat est à Damas en Syrie. Elle est la deuxième communauté catholique d’Orient avec environ 3 millions de fidèles dans le monde dont 700.000 au Proche-Orient. Elle tient chaque année son Saint-Synode, ou Synode général, qui réunit les 22 évêques composant sa hiérarchie. Son patriarche, S.B. Grégoire III Laham, âgé de 84 ans, a été élu le 29 novembre 2000. Le Synode de cette année s’est ouvert le 20 juin à Aïn Trez, au Liban, siège d’été du patriarcat, et il devait s’achever le 25 juin. Ses travaux ont été suspendus le 23 et le Synode reporté à octobre prochain…
 

La raison canonique de la crise

 
Le 23 juin, le patriarcat diffusait une déclaration de Grégoire III Laham évoquant « la crise terrible qui a secoué notre Église cette semaine, qui n’a pu tenir son Saint Synode ». De fait, la tenue et les décisions du Synode exigent un quorum de 12 voix sur 22 (la moitié des hiérarques plus 1). Or des évêques, dont le plus influent est Cyrille Bustros, archevêque de Beyrouth, ont refusé de prendre part au Synode. Seuls 11 étaient présents à Aïn Trez ce qui n’était pas suffisant pour atteindre le quorum. D’où le report.
 

Les raisons profondes de la division des Églises

 
Il s’agit en fait, et plus profondément, d’une crise de confiance – pour ne pas dire de défiance – envers le patriarche jugé trop âgé, gouvernant de manière “solitaire” et depuis trop longtemps, tenu pour responsable des difficultés financières que connaît l’Église et d’avoir vendu des biens du patrimoine immobilier sans en avoir averti ni l’Église ni le Saint-Siège. Sollicité par les frondeurs, ce dernier a “botté en touche” estimant ne pas avoir à intervenir dès lors qu’il ne s’agissait pas de problèmes disciplinaires, mais rappelant que tous les évêques avaient le devoir de participer au Synode. Frondeurs ou non frondeurs, on a le sentiment que Rome n’est obéie que quand cela arrange les uns ou les autres… Il n’est pas, non plus, interdit de distinguer derrière l’affrontement entre le Syrien Grégoire III Laham et le Libanais Cyrille Bustros, la silhouette “clivante” de Bachar al-Assad.
 
Après avoir qualifiée de « terrible » la crise présente, le patriarche la considère désormais comme « passagère ». C’est tout sauf assuré… Forcer le patriarche à démissionner n’est pas très élégant ni canonique. Mais qu’il demeure à la tête de l’Église ne résoudra visiblement pas la crise ouverte. Bien des choses pourraient se passer dans l’Église grecque-catholique d’ici octobre prochain. Mais cette désunion est affligeante pour les fidèles et la situation présente scandaleuse.
 

Adam Villiers