DOCUMENTAIRE L’Empereur ♥


 
L’Empereur dont il est question est le manchot-empereur, le plus grand des manchots. Ces singuliers oiseaux ne volent pas, mais nagent à la perfection, dans les eaux glaciales proches du Pôle Sud, très poissonneuses. Cette espèce passe en effet l’essentiel de sa vie dans l’océan à pêcher des poissons. Par contre, elle est obligée de nicher sur la terre ferme. Elle se reproduit sur la plus inhospitalière des terres, l’Antarctique, ou bien, plus précisément, souvent sur la banquise – océan gelé – qui jouxte le continent glacé. Les manchots-empereurs ont déjà été l’objet d’un film-documentaire relativement récent, la Marche de l’Empereur (2004). Le même réalisateur, Luc Jacquet, propose donc une variation sur un thème déjà connu, sans qu’il s’agisse à proprement parlé d’une suite, comme il a été écrit un peu rapidement ça et là. Son travail est désormais distribué sous le label Disney-Nature. Disney a financé le film tout en respectant son travail et sa méthode. Le propos à base de dialogues anthropomorphiques n’a heureusement pas été repris ! Il avait rendu, selon nous, rendu un peu ridicule et guère pédagogique la Marche de l’Empereur, du moins dans sa version française – la version internationale, en anglais, était proposée avec un mode de commentaire animalier plus classique – avec les manchots tenant donc des dialogues de Papa et Maman s’occupant de bébé, L’Empereur bénéficie donc de quelques commentaires naturalistes normaux. Ils sont minimalistes, suivant certainement la double logique du fait que l’espèce est désormais bien plus connue qu’en 2004 et que des images au fond faciles à comprendre ont été proposées. Le spectateur contemple plus sereinement les photos avec des commentaires rares.
 

L’Empereur : un beau film animalier, un peu long et lent

 
Les images sont, comme on pouvait s’y attendre, superbes, avec toutes les nuances du blanc du contexte local. Les efforts de l’équipe de tournage, qui a travaillé dans les pires conditions climatiques, sont admirables. Les manchots-empereurs reprennent donc leur marche annuelle, qui les faits ressembler de loin à des humains, puisqu’ils cheminent sur la glace sur un mode bipède. La grande lutte de la saison consiste à nourrir leurs petits, tout en les protégeant du froid. Ces poussins manchots allient un instinct et une capacité d’imitation de leurs semblables et des adultes remarquables, gage de leur survie. Ceux dépourvus de ces qualités, ou les distraits ou malchanceux, périssent. L’année du tournage a été, heureusement, une bonne année, permettant de dégager un nombre significatif de survivants parmi les jeunes manchots, visibles à l’écran. L’année précédente, ils étaient tous morts.
 
L’Empereur reste certainement un beau film animalier. Mais il n’est qu’un beau film animalier sur le manchot empereur. Il ne s’adresse qu’à un public adulte déjà amateur. Même pour celui-ci, il reste, oserons-nous l’avouer, un peu long et lent.
 

Hector JOVIEN

 
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