COMEDIE DRAMATIQUE England is mine ♥♥


 
England is mine, soit L’Angleterre est à moi, est le cri du cœur d’un artiste, aussi mégalomane qu’incompris, de la fin des années 1970. Il décrit, et s’y tient, la décennie d’obscurité de Jim Morissey, le futur leader du groupe de pop-rock des années 1980 The Smiths. Nous ne nous prononcerons sur ses qualités artistiques dans son domaine ; nous écoutons du Beethoven et Morissey n’appartient pas à notre univers. Cette musique est présente, sans être envahissante dans le film, qui demeure visible au-delà du cercle des adeptes de Jim Morissey. Après des décennies de conformisme peu intéressant, le personnage a fait scandale récemment. Il est donc curieux que le film soit sorti en osant employer l’expression « attentat islamiste » quand il s’agit d’un tel événement, relativement courant hélas dans le Royaume-Uni d’aujourd’hui ; nous vivons dans une dictature orwellienne qui ne permet plus de nommer les choses.
 
England is mine proposait pour nous un sujet fort obscur. Pourtant, nous n’avons nullement regretté notre curiosité. L’aspirant artiste a grandi dans un quartier ouvrier de Manchester. Le contraste a été effectivement très fort entre sa sensibilité, très bien rendue par l’interprète Jack Lowden, et ce milieu où l’on travaille, et l’on travaille à l’usine ; un rêveur et poète est assimilé à un fainéant… A la fin des années 1970, le chômage frappe massivement l’ancienne métropole industrielle. Ce fait tragique est illustré de manière comique par exemple par la confrontation entre le conseiller de l’agence pour l’emploi qui entend imposer un stage de maçonnerie à un « artiste lyrique », profession ne rencontrant aucune demande dans le bassin d’emploi de Manchester.
 

England is mine, un excellent moment au cinéma

 
Entre essais infructueux et vains espoirs de percée sur la scène artistique britannique, Jim Morissey a fait de son mieux pour essayer de travailler et d’aider sa mère à payer les factures. Mais pouvait-il faire autre chose qu’artiste lyrique ? Son directeur de centre des impôts, pourtant d’une rare bienveillance derrière les colères requises devant le peu de travail effectif de son employé, ne pouvait le laisser écrire des poèmes au bureau… De même à l’hôpital, en changeant les draps, Jim Morissey n’a pas supporté le spectacle, dur il est vrai, des enfants malades.
 
England is mine relève aussi du drame historique, avec une époque bien reconstituée, dans les costumes comme dans les mentalités. A ce titre, il possède une valeur quasi-documentaire. L’individu décalé permet de bien mettre en valeurs les traits dominants d’une société. Ce Manchester ouvrier était relativement dur, et tout sauf un petit paradis ; mais il est loin d’être certain que le multiethnisme très islamisé arrivé depuis soit un progrès. L’humour britannique irrigue tout le film, pour le plus grand plaisir du spectateur.
 
Ainsi, le spectateur d’England is mine passe un excellent moment au cinéma.
 

Hector JOVIEN

 
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