L’Espagne dans la rue : l’austérité ne passera pas !

Espagne Austérité Rue.
 
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues des principales villes d’Espagne, samedi, à l’appel d’une centaine d’organisations, pour protester contre l’austérité qui leur est imposée par une classe politique « corrompue ». L’austérité, et la misère… comme le manifeste le slogan qu’on pouvait voir fleurir en tête de cortège : « Pain, travail, toit, dignité ! » A elle seule, la « Marche pour la dignité » madrilène a réuni plus de 250.000 personnes dans la rue.
« Ce n’est pas un gouvernement, c’est la mafia », scandaient, suite aux révélations quotidiennes sur la corruption de certains hommes politiques les manifestants, qui ont réclamé une amélioration de leur qualité de vie, contre l’actuelle politique de rigueur économique, menée – certains slogans populaires manifestaient que le peuple ne l’ignore pas – à l’instigation de l’Union européenne. Ce qui prouve toutefois que le ministre espagnol des Finances, Cristobal Montoro, n’a pas pris toute la mesure de la situation, lorsqu’il déclarait, à l’adresse de son homologue français Michel Sapin, il y a quelques jours : « L’exemple de l’Espagne montre que la politique d’austérité fonctionne. » Sur le papier de la « propagande », comme disent les manifestants, peut-être… et à condition de ne pas mettre, seul, le pied dans la rue !
 

En Espagne, la rue frémit de colère contre l’austérité

 
Exemple de ce rejet, ce dialogue attrapé au vol par l’un des journalistes présents sur place. « C’est quoi cet oiseau ? », demandait une fillette à sa mère, en désignant un grand volatile fait de sacs plastiques. « Un, corbeau ! Non ! Un vautour », fut la réponse. Et sa fille de rétorquer d’un définitif : « Comme les politiques ? »
 
« La dignité et les droits, face aux politiques économiques et sociales. » Ce thème se déclinait indéfiniment le long des manifestations, certains affirmant ainsi « Si se puede, si se puede ! » (Oui, c’est possible !), en écho au « Yes we can » lancé par Barack Obama en 2008. Avec, compte tenu de la situation américaine actuelle, un très large anachronisme…
 

La politique actuelle passera-t-elle l’étape de la prochaine élection ?

 
En attendant, plus de 23% des Espagnols sont au chômage, soit quelque 5,4 millions de personnes. Qui se moquent bien que la croissance, avec un taux de 1,3% en cette année, puisse être « la plus forte de la zone euro », comme l’affirme le chef du gouvernement Mariano Rajoy, qui, ce même jour, avait fait le déplacement de Barcelone, pour défendre l’unité de l’Espagne contre les velléités d’indépendance de la Catalogne.
 
Mais les gouvernements, régionaux comme national, devraient se méfier d’un peuple qui menace de faire des législatives de 2015 une opération de survie contre les politiques. Contre ceux qui n’ont pas su répondre à l’affirmation désarmante de ce retraité : « Ce n’est pas juste que l’on expulse les gens alors que l’on sauve les banques… »