Le Daily Mail britannique a livré cette information reprise par les gros médias européens, et notamment par 20 minutes en Suisse : « Un juge de Daech faisant appliquer la charia a donné l’autorisation à ses membres de tuer les nouveau-nés et les bambins atteints de trisomie ou de handicap. » L’Etat islamique se met, selon des informations qui ont filtré depuis Mossoul, à exécuter les enfants non conformes, atteints d’une malformation congénitale, dès la naissance et peut-être même après.
 
Vrai ? Faux ? C’est en tout cas ce qu’affirme le groupe activiste irakien « Mosul Eye » avec bien des détails. Il fait état d’une « fatwa orale » d’un juge de l’Etat islamique, qu’il identifie comme le juge saoudien « Abu Saïd Aljazrawi ». Il s’agit la plupart du temps, selon la page Facebook du groupe, d’enfants nés de l’union de combattants étrangers venus rejoindre l’Etat islamique et de femmes irakiennes, syriennes ou asiatiques.
 

38 cas d’enfants trisomiques et handicapés exécutés par l’Etat islamique

 
« Nous avons enregistré plus de 38 cas confirmés de bébés tués en raison de malformations congénitales ou de trisomie, âgés d’une semaine à trois mois. Ils ont été tués par injection létale ou par suffocation. Certains de ces assassinats ont eu lieu en Syrie et à Mossoul. »
 
Une photo d’un enfant handicapé de cinq ou six ans accompagne le message qui précise : « Cet enfant déplacé de Mossoul, l’Etat islamique a émis un fatwa ordonnant de le tuer. Comme s’il ne suffisait pas à l’EI de tuer des hommes, des vieillards et des femmes ; maintenant ils tuent des enfants. »
 
Suivent des commentaires sceptiques.
 

La charia de l’Etat islamique comparée aux pratiques des Nazis

 
Quoi qu’il en soit la presse occidentale se dit horrifiée. 20 minutes commente : « Cette pratique, si elle était confirmée, rappelle celle des nazis, qui supprimaient les enfants handicapés parce qu’ils représentaient “un fardeau pour l’Etat”. Au moins 5.000 personnes de moins de 16 ans avaient été exécutées sous le gouvernement d’Adolf Hitler. »
 
Certes. Mais en Occident, l’avortement dit médical autorise dans la plupart des pays la mise à mort des handicapés, pourvu qu’elle s’opère avant terme, avant qu’ils n’aient respiré. En France, 96 % des enfants à naître diagnostiqués comme souffrant de trisomie 21 sont éliminés avant la naissance, et ce véritable massacre est légal et remboursé.
 
Cela n’enlève rien à l’horreur de l’eugénisme nazi, ni à la cruauté de l’Etat islamique, avérée même sans cette effarante nouvelle chasse aux imparfaits. Mais cela montre que la culture de mort n’a guère le sens de l’invention et que ses horreurs sont plus proches de nous que beaucoup n’acceptent de le reconnaître.
 

Anne Dolhein