Présidence Trump : les Etats-Unis ne sont plus « amis » de l’Allemagne dans le programme électoral d’Angela Merkel

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La CDU d’Angela Merkel et son pendant bavarois CSU ont publié hier leur programme électoral, à deux mois et demi des élections législatives fédérales. Par rapport au programme électoral de 2013, les Etats-Unis sont passés du statut du « principal ami » de l’Allemagne hors d’Europe à celui de « principal partenaire ». Toutes les occurrences du mot « ami » et « amitié » ont disparu du nouveau programme électoral du parti d’Angela Merkel. De pays ami sous la présidence Obama, les Etats-Unis sont donc devenus un partenaire sous la présidence Trump. Cette évolution reflète l’attitude de la société allemande. Une enquête d’opinion publiée la semaine dernière par le Pew Research Center montrait que seulement 35 % des Allemands avaient une opinion favorable des Etats-Unis contre 57 % à l’époque de Barack Obama.
 

Angela Merkel ne considère plus les Etats-Unis comme amis de l’Allemagne

 
Par ailleurs, le nouveau programme de la CDU-CSU reprend la fameuse phrase d’Angela Merkel à Munich en mai, après le sommet du G7 où Donald Trump avait refusé de renoncer à sa promesse de dénoncer l’accord de Paris sur le climat : « L’époque où nous pouvions compter entièrement sur les autres est, dans une certaine mesure, révolue. Nous autres Européens, devons prendre en main notre propre destin de manière plus décidée que par le passé ». Réaffirmant l’engagement de l’Allemagne dans le cadre de l’OTAN, le programme électoral d’Angela Merkel met toutefois l’accent sur la nécessité d’une défense européenne autonome. Il contient aussi une section intitulée « L’Allemagne et la France en tant que moteur de l’Europe » où il est question d’approfondir l’intégration au sein de la zone euro, tout en rejetant toute idée de mutualisation de la dette des pays qui ont adopté la monnaie unique.
 

Les Etats-Unis sous la présidence Trump plus proches de la Pologne de Kaczyński que de l’Allemagne de Merkel

 
Ce changement de rhétorique vis-à-vis de l’allié américain ne doit pas surprendre. Rappelons qu’en janvier Donald Trump avait qualifié l’ouverture des frontières allemandes aux clandestins en 2015 par Angela Merkel d’erreur catastrophique. Après le G7 en mai, il avait durement critiqué l’énorme surplus commercial de l’Allemagne avec les Etats-Unis, et aussi les dépenses militaires beaucoup trop faibles de Berlin. Pire encore pour Berlin, en juin le Sénat américain a donné son feu vert à des sanctions contre les entreprises participant à la construction d’un deuxième gazoduc pour la liaison Nord Stream qui amène du gaz directement de Russie en Allemagne, par la mer Baltique.
 
En outre, alors que l’Italie, la France et l’Allemagne s’opposent de plus en plus violemment au Groupe de Visegrád sur la question de la politique migratoire de l’Union européenne, Donald Trump a choisi de visiter Varsovie à partir de demain, avant le sommet du G20 à Hambourg et avant de s’être rendu à Berlin, Paris ou même Londres. Il doit y réaffirmer les garanties américaines en matière de défense, mais aussi parler avec les leaders de la Pologne et de onze autres pays d’Europe centrale et orientale des valeurs partagées et des intérêts communs. Des valeurs et des intérêts qui ne sont pas tout à fait ceux de l’Allemagne.
 

Olivier Bault