Les Européens aux frontières

Européens frontières
 
On a retrouvé les frontières ! De plus en plus nombreux sont les politiques européens qui, derrière le Hongrois Viktor Orban ou plutôt le chancelier allemand Angela Merkel, en font l’éloge, et Régis Debray devrait voir ses droits d’auteur grimper en flèche cette année (Eloge des frontières, Gallimard, 2010).
 
Un peu partout, en Europe, les frontières se ferment, et les contrôles y sont rétablis. Viktor Orban, après avoir été fermement critiqué, et Angela Merkel, qui chantait l’accueil sur toutes les gammes, ont semble-t-il donné un signal qui semble devoir être suivi par le plus grand nombre. Qui aurait dit, hier encore, que l’Allemagne fermerait ses frontières, non seulement à l’est, mais à l’ouest. Oui ! avec la France !
 
D’ailleurs la patrie des droits de l’homme semble bien prête, elle-même, d’y venir. Devant la représentation nationale, le premier ministre Manuel Valls a clairement envisagé un rétablissement « temporaire » de nos frontières. Dans quelques semaines, voire dans quelques jours – on ne sait trop. Mais, remarquent nos compatriotes, si la mesure est nécessaire, pourquoi attendre ?
 

Les Européens aux frontières

 
Si l’on considère, comme l’indique un tout récent sondage Elabe pour BFMTV, qu’une forte majorité de Français (80 % !), toutes tendances politiques et catégories socioprofessionnelles confondues, sont favorables au rétablissement des contrôles aux frontières, on peut effectivement se demander ce qu’attend le premier ministre. En Allemagne, la décision a été effective dans les 24 heures…
 
« Cette attente apparaît d’autant plus forte que 52 % des répondants affirment souhaiter “tout à fait” cette mesure, signe d’une opinion publique particulièrement sensibilisée et attentive à cette question », précise clairement l’enquête.
 

Pourquoi attendre ?

 
Pourquoi attendre ? puisque le principe en a été validé, dès le mois de juin, par le Conseil d’Etat, qui rappelait, à l’occasion d’une précédente opération à la frontière avec l’Italie, que « la suppression du contrôle systématique aux frontières intérieures de l’espace Schengen n’empêche pas les autorités françaises d’effectuer des contrôles d’identité ou de titres ».
 
Pourquoi attendre ? puisque les Français y sont majoritairement favorables, et que Manuel Valls dit qu’il pourra y avoir recours, parce que c’est une mesure que nos compatriotes comprendront – merci pour eux.
 
Pourquoi attendre ? puisqu’un nombre grandissant de nos voisins ont déjà effectué la démarche.
 
Pourquoi attendre ? puisque Manuel Valls affirme que cela peut se faire dans l’esprit même des accords de Schengen.
 
C’est peut-être pourtant là que le bât blesse. Certes, les accords de Schengen envisagent cette possibilité temporaire chaque fois que les circonstances l’imposent. Mais ni ses rédacteurs, ni ses signataires n’avaient vraisemblablement imaginé que cela se fasse pour répondre à une politique décidée en Europe et par l’Europe…
 

François le Luc