Selon une étude canadienne, l’euthanasie pourrait permettre d’économiser plus de 100 millions de dollars par an

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Deux chercheurs canadiens viennent de publier une analyse coût-bénéfice sur les économies à attendre de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Aaron Trachtenberg et Braden Manns estiment que la « mort choisie » permettra d’économiser plus de 100 millions de dollars d’argent public chaque année – ils arrivent même au chiffre très précis de 139 millions -, dans une approche on ne peut plus cynique.
 
Selon Alex Schadenberg, responsable de l’Euthanasia Prevention Coalition, organisation anti-euthanasie mondiale basée à Londres, une telle étude ne saurait que « créer un nouveau type de pression sociale » où le « nouveau modèle de bon citoyen » aura à cœur de ne pas trop peser sur les systèmes de protection de la santé. Le sens civique consistera à mourir. Tous les malades atteints d’affections très graves ou en phase terminale ne peuvent comprendre qu’une chose à la lecture d’une telle étude : plus vite ils mourront, mieux cela vaudra. Mourir deviendra dès lors un devoir en vue du bien commun. L’étude n’a pas été publiée dans quelque revue bioéthique progressiste, mais dans le journal en ligne de la Canadian Medical Association, une association professionnelle qui a pour objectif, cela ne s’invente pas, de permettre aux médecins établis ou en formation de faire campagne pour les meilleurs soins possibles. Avec 85.000 membres, c’est la plus importante association de médecins au Canada.
 

Economiser 100 millions de dollars en tuant les malades : il fallait y penser !

 
Les deux auteurs se sont fondés sur des données chiffrées de l’euthanasie et de la mort choisie aux Pays-Bas et en Belgique où l’euthanasie est légale depuis des années. Calcul simple : ils ont créé un scénario tenant compte des jours, des semaines des mois de vie qu’auraient pu espérer avoir des personnes euthanasiées, et selon leurs affections, ils ont calculé le coût des soins épargnés.
 
« L’assistance médicale à mourir pourrait réduire les dépenses annuelles de santé à travers le Canada d’une somme allant de 34,7 à 138,8 millions de dollars, ce qui dépasse largement les 1,5 à 14,8 millions de dollars que coûterait directement sa mise en œuvre », écrivent-ils, car oui, il faut penser à tout, même au prix de l’euthanasie…
 
Sans surprise, de nombreux opposants à l’euthanasie ont vivement condamné le principe même de cette étude dans laquelle ils voient les signes avant-coureurs d’une manipulation de l’opinion publique, qui aboutirait à présenter la mort choisie comme une sorte de devoir d’honneur. Sauf pour ceux, bien évidemment, qui pourraient payer de leur poche les frais médicaux de fin de vie : c’est un autre scénario possible pour sauver des systèmes d’assurance santé aux abois.
 

L’étude canadienne sur l’argent épargné sur le dos des euthanasiés

 
Poussée à l’extrême, cette nouvelle manière de penser pourrait inciter à renvoyer les personnes faisant l’objet d’un diagnostic de maladie incurable et très avancée chez eux avec ce simple choix : bénéficier d’une mort assistée ou se contenter d’une prescription d’antidouleurs, bref, toutes solutions permettant d’éviter le coût élevé d’une hospitalisation.
 
Pour donner un semblant d’humanité à leur étude, Trachtenberg et Manns écrivent que l’argent épargné pourrait être utilisé au bénéfice des soins palliatifs. Commentaire de Schadenberg : « Les auteurs de cette étude sont naïfs. Plus les gens mourront prématurément d’une injection létale, moins il y aura de demandes pour les soins palliatifs. » Et moins il y aura de demandes, moins il y aura de pression pour améliorer leur qualité et les rendre largement accessibles. C’est le serpent qui se mord la queue… Et puisqu’on parle de serpent, il n’est certainement pas très loin de cette histoire.
 

Anne Dolhein