Exode syrien : qui fuit où pourquoi ?
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En Syrie, 10% « seulement » du territoire est touché par la guerre, mais les habitants fuient par millions. Difficile d’avoir des chiffres clairs. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) annonce 2 millions de réfugiés, or beaucoup d’organismes doublent ces chiffres sans exagérer. La raison : les réfugiés émigrent parfois clandestinement pour ne pas satisfaire à l’obligation légale de préciser leur soutien au régime ou à l’opposition lors de l’enregistrement, qui les met en danger. L’exode syrien, difficile à mesurer, touche toutes les communautés.

En Jordanie le HCR déclare 500.000 réfugiés syriens, le gouvernement et toutes les ONG comptabilisent au moins 1,3 million. Idem au Liban où les chiffres vont du simple à plus du double, le gouvernement tablant sur 1,6 million. La Turquie ne fournit pas de données d’ensemble.
La plupart des émigrants fuient les combats, ils arrivent de Homs, Alep et autres villes ravagées par les affrontements, mais d’autres fuient aussi la peur d’un avenir impossible pour leurs enfants. Ils ont tous en tête le chaos de l’Irak, et la crainte que leur pays ne sombre de la même façon. Sunnites, alaouites ou chrétiens ont quasiment tous participé aux premières manifestations mais déclarent à l’unisson « nous n’avons pas compris ce qui se passait ensuite, tout nous a échappé. Nous voulons retrouver la Syrie d’avant, même imparfaite ». Preuve que le conflit a totalement échappé au peuple syrien qui se voit désormais dans l’impossibilité de vivre dans son pays. Ils fuient rapidement dans les pays voisins, avant éventuellement de partir plus loin refaire leur vie, soit par mer, soit par la Bulgarie.

La responsabilité de l’Occident

La grande masse des musulmans rêve vraiment d’un retour, mais un grand nombre de chrétiens ne l’envisage même plus : ils déplorent une Syrie menacée par la prépondérance de certaines confessions « dans laquelle les chrétiens n’auront plus de place. Nous sommes désormais visés parce que chrétiens, ce qui n’était pas le cas avant » sont-ils nombreux à regretter. Ils tentent donc de rejoindre l’Occident, Europe, Etats-Unis, Canada, Australie. Ils n’étaient que 10% en Syrie, et leurs villages sont désormais clairement visés, ils sont donc nombreux à fuir. Là encore, impossible de connaître les chiffres, ils sont sans doute parmi les plus réticents à l’enregistrement.
Pour son soutien inconsidéré à la guerre, sans considération de l’islamisme, l’Occident est jugé responsable de la tournure qu’ont pris les événements par nombre de réfugiés. En outre, les ONG le pointent du doigt quand la question des réfugiés est évoquée : « Lorsque les pays occidentaux ont annoncé qu’ils étaient prêts à accueillir plus de réfugiés syriens, les passages aux frontières ont explosé, beaucoup de syriens qui n’avaient pas de « réelle raison » de fuir sont arrivés, c’est un gros problème pour nous » avait déclaré la responsable d’une ONG musulmane à Amman. Sa Béatitude Béchara Raï, patriarche maronite confirme : « Non content d’avoir engendré le chaos en Syrie l’Occident pousse désormais les Syriens à la fuite, mais qui reconstruira la Syrie demain si les syriens fuient ? Il faut que l’Occident pèse de tout son poids en faveur de la paix, et d’elle seule ». L’exode syrien accélère la disparition des chrétiens d’orient programmé par la politique américaine.