Laurent Fabius veut reconnaître un Etat palestinien

Fabius reconnaître Etat palestinien
Laurent Fabius en compagnie du président palestinien Mahmoud Abbas, le 18 juillet 2014 au Caire.

 
Alors que l’ONU peine à organiser une rencontre à Genève entre les diverses parties syriennes afin d’essayer de régler le conflit qui ensanglante la Syrie depuis de si longues années, le ministre français des Affaires étrangères semble décider à avancer plus encore dans les résolutions de paix au Proche-Orient. Hier, Laurent Fabius a ainsi clairement annoncé la volonté française de reconnaître un Etat palestinien.
 
La France entamera donc, dans les prochaines semaines, des démarches pour préparer une conférence internationale afin de relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. L’objet de cette conférence serait bien évidemment de parvenir à la solution de deux Etats, a déclaré vendredi Laurent Fabius à l’occasion de ses vœux au corps diplomatique.
 

Laurent Fabius joue au gendarme mondial

 
En cas d’échec, la France reconnaîtra quoi qu’il en soit l’Etat palestinien comme un Etat à part entière, a prévenu Laurent Fabius, qui espère sans doute ainsi forcer la main aux dirigeants israéliens.
 
Mais il le fait en des termes qui, on le constatera facilement, ne peuvent que déplaire, quoi qu’on puisse en penser par ailleurs, aux autorités israéliennes. « Nous constatons malheureusement que la colonisation continue », a en déclaré le ministre français. « Nous ne devons pas laisser se déliter la solution des deux Etats. C’est notre responsabilité de membre permanent du Conseil de Sécurité et de puissance de paix. »
 
Lors que l’on voit que le gouvernement auquel appartient Laurent Fabius en est réduit à vouloir prolonger l’état d’urgence compte-tenu de notre très délicate situation intérieure, on se dit que la fameuse « puissance de paix » serait bien inspirée de balayer d’abord devant sa porte…
 
« La France engagera donc dans les semaines qui viennent des démarches afin de préparer une Conférence internationale rassemblant autour des parties leurs principaux partenaires – américain, européens, arabes, notamment – afin de préserver et de faire aboutir la solution des deux Etats », continue, sans vergogne, Laurent Fabius. Avant d’ajouter que, si cette « ultime tentative de solution négociée se heurte à un blocage », « nous devrons prendre nos responsabilités en reconnaissant l’Etat palestinien ».
 

Reconnaître un Etat palestinien : de quelle autorité ?

 
La déclaration française a été, comme on pouvait s’y attendre, bien accueillie par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas. « Il ne fait aucun doute que la reconnaissance de l’Etat palestinien par la France contribuerait à établir la paix et la stabilité dans la région », a affirmé son porte-parole, Nabil Abou Rdainah.
 
Mais elle a, tout aussi logiquement, été fort mal reçue à Jérusalem. « Le ministre français des Affaires étrangères a annoncé d’emblée que si son initiative devait terminer dans l’impasse, la France reconnaîtrait l’Etat palestinien. Cette déclaration constitue une incitation pour les Palestiniens à conduire le processus dans l’impasse », a déclaré un proche du gouvernement israélien sous le sceau de l’anonymat.
 
Il faut dire que Laurent Fabius s’y prend particulièrement mal. D’autant que toutes les tentatives américaines se sont soldées par des échecs depuis des décennies…
 

Un baratin insane à visée électorale

 
Mais, en réalité, cela n’a pas d’importance. Ce qui compte pour Laurent Fabius, ce sont les discours. Et de reconnaître éventuellement, et même seul, un Etat palestinien, fut-il fantoche.
 
C’est important pour les socialistes, c’est important pour François Hollande. Comme – nous venons de le dire – la situation française intérieure est catastrophique, il faut bien avoir l’air de réussir quelque chose d’ici la prochaine élection présidentielle. Les questions internationales étant, par essence, beaucoup moins de la responsabilité de l’exécutif français que la sécurité de notre pays, il est bien plus facile d’en parler, et d’en justifier l’échec probable par la mauvaise volonté des autres.
 
Le reste est du baratin.
 
Mais on espère que les Français ne se laisseront pas prendre à la déclaration insane de Laurent Fabius…
 

François le Luc