Laurent Fabius renonce à la présidence de la COP21

Fabius renonce présidence COP21
 
« Compte tenu du début de polémique interne sur ce sujet, je juge préférable de vous remettre mon mandat de président de la COP. » Ainsi s’exprime Laurent Fabius dans une lettre adressée à François Hollande, dans laquelle il annonce donc renoncer à la présidence de la COP21 – qu’il espérait bien pouvoir cumuler avec celle du Conseil constitutionnel – afin d’éviter tout motif de controverse.
 
L’ancien ministre des Affaires étrangères, qui a quitté le gouvernement à l’occasion du remaniement de la semaine dernière, avait prévu d’assurer cette fonction parallèlement à la présidence du Conseil constitutionnel.
 
Mais son prédécesseur à ce siège, Jean-Louis Debré, dont le mandat s’achève début mars, a jugé lundi que cette activité était incompatible avec toute autre fonction, fût-elle bénévole. Intervenant sur Europe 1, il a évoqué une « situation extrêmement inconfortable ».
 

Face aux critiques, Laurent Fabius renonce

 
De même Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, mais également, depuis le départ de Laurent Fabius, des Relations internationales sur le climat, n’entendait pas, alors qu’elle a déjà vu les Affaires étrangères lui passer sous le nez au profit de Jean-Marc Ayrault, voir ses nouvelles responsabilités parasitées par l’ancien ministre. La semaine dernière, elle avait donc souhaité une clarification des « règles du jeu » face à la perspective d’un éventuel cumul.
 
Lundi, un autre membre du gouvernement, le secrétaire d’Etat à la Recherche Thierry Mandon, a jugé « inimaginable » que Laurent Fabius puisse présider simultanément la COP21 et le Conseil constitutionnel : « La bonne gouvernance implique que les pouvoirs dans la République soient absolument incontestables. Le Conseil constitutionnel, c’est au-dessus de tous les pouvoirs, ça ne peut pas avoir des missions qui relèvent de l’exécutif. »
 

Indépendance ou présidence de la COP21

 
L’homme grâce à qui « la planète restera vivable dans les siècles qui viennent », en a manifestement pris ombrage – c’est bon, l’ombre ; ça empêche le réchauffement climatique. Mais il a préféré prendre les devants, et faire contre mauvaise fortune bon cœur, plutôt que de prendre le risque de se voir désavoué, Jean-Louis Debré ayant affirmé : « C’est le Conseil qui va décider hors la présence de l’intéressé. »
 
Dans sa lettre au président de la République, Laurent Fabius réaffirme cependant haut et fort qu’il n’existe à ses yeux, en ce qui concerne le Conseil constitutionnel, « pas d’incompatibilité avec la présidence de la dernière phase de la COP21 », un mandat qu’il devait poursuivre jusqu’à l’ouverture de la 22e conférence des parties de la convention-cadre de l’ONU sur le changement climatique (COP22), en novembre prochain, à Marrakech.
 
Et il ajoute : « Profondément attaché à cette grande cause, j’espère que la mise en œuvre de l’accord historique de Paris connaîtra le même succès que son adoption. » Toujours aussi modeste, Laurent Fabius semble désormais éprouver des doutes…
 

François le Luc