Farage, premier Britannique chez Trump : May dos au mur après avoir dénigré le candidat républicain

Farage May Trump
 
Le souverainiste fondateur de l’UKIP, Nigel Farage, a réalisé un coup de maître en devenant le premier homme politique britannique à rencontrer le président-élu américain Donald Trump. De quoi jeter un pavé dans la mare politicienne londonienne, que Farage prend un évident plaisir à remuer. Car Farage a tout simplement suggéré au Premier ministre Theresa May de le désigner comme Monsieur Bons Offices entre Londres et le nouveau locataire de la Maison Blanche. Ce que Mme May a rejeté avec indignation.
 
Sans attendre, le porte-parole de Mme May a répliqué que le Premier ministre avait déjà eu une conversation avec M. Trump et que « le président-élu lui avait dit son désir d’entretenir avec elle une relation comparable à celle qu’entretenaient Reagan et Thatcher ». « Je n’ai pas souvenir qu’il y eût alors une troisième personne dans cette relation », a-t-il grincé, visant Nigel Farage ; le gouvernement (britannique) « dispose déjà de canaux de communication bien établis ». Il n’empêche, cette rencontre Trump-Farage est un signal clair envoyé par le président-élu vers Londres.
 

Farage face aux « atroces petits apparatchiks »

 
Réplique de Farage sur LBC Radio : « Ca m’épate vraiment d’entendre des choses pareilles dans la bouche de ces atroces petits apparatchiks appointés par Downing Street. Ils montrent tout simplement qu’ils n’ont aucune notion de l’intérêt national, qu’ils sont surtout obsédés par leurs petites magouilles politiciennes et par leur volonté de me tenir à l’écart de tout. »
 
Et le fondateur de l’Ukip enfonce le clou : « Si l’on considère l’Amérique en termes commerciaux et qu’on la voit comme un client, que faut-il faire ? Il faut utiliser les gens qui ont des relations. Or personne au gouvernement britannique n’a la moindre relation avec l’équipe de Trump. Au nom de la patrie, ils scient la branche sur laquelle ils sont assis. »
 

Le virage sur l’aile de May et Johnson à l’égard de Trump

 
Ce qui n’empêche pas l’équipe de May d’effectuer un spectaculaire virage sur l’aile depuis l’élection de Donald Trump, ironise pour sa part le correspondant politique du Daily Telegraph, Michael Wilkinson. L’année dernière, Theresa May avait qualifié de « stigmatisantes, inutiles et fausses » les remarques de Trump sur l’islam porteur de guerre. Le candidat républicain proposait d’interdire l’immigration islamique aux Etats-Unis tandis que la France épongeait le sang des victimes des massacres au nom d’Allah. Le secrétaire au Foreign Office de Theresa May, Boris Johnson, avait même estimé que ces propos « le rendaient indigne de devenir président ».
 
Aujourd’hui, Boris Johnson jure « qu’il y a beaucoup d’aspects positifs » chez Trump, « qu’il est important de ne pas juger par avance le président-élu et son équipe ». « Nous devons considérer les opportunités de l’instant présent ; Donald Trump est un négociateur et son élection peut être une excellent chose pour la Grande-Bretagne, et même pour l’Europe », dit-il.
 

Tout faire pour isoler Farage

 
Surtout ne pas laisser Farage et son parti souverainiste, l’UKIP, profiter de la vague Trump. « La victoire de Trump démontre que nous devons nous préoccuper de nos populations oubliées », a martelé Mme May. Illustrant le tir groupé de l’élite au pouvoir, l’ancienne secrétaire au Foreign Office de Tony Blair, la travailliste Margaret Beckett, s’est dite « pour une fois d’accord » avec l’eurosceptique conservateur Iain Duncan Smith qui jugeait que le voyage de Farage à New York « n’était pas une tournée diplomatique mais une opération purement égocentrique ».
 
Farage a profité de l’audience que lui a donné sa rencontre historique avec Trump pour suggérer qu’il avait ensuite été approché par des ministres de Theresa May pour servir d’intermédiaire avec le president-élu. Il s’est régalé en rappelant que de proches conseillers de Trump avaient exprimé, pendant la campagne, leurs « réserves » sur le gouvernement conservateur britannique.
 
L’opération de Nigel Farage est bien bouclée : renvoyer les conservateurs au pouvoir dans le camp des europhiles et mondialistes honteux. Et, après le Brexit, préparer de prochains succès électoraux.
 

Matthieu Lenoir