Collectes locales de milliers de scans d’iris pour le FBI

FBI scans iris
 
Depuis la mise en œuvre il y a trois ans de ce qui devait n’être qu’un programme « pilote » de collecte d’information biométrique, le FBI, par l’entremise des polices locales, a recueilli plus de 434.000 scans d’iris. Cette collusion entre les polices locales et l’agence fédérale pose un véritable problème constitutionnel de concentration du pouvoir, affirme The New American. Le bureau du shérif de San Bernardino a, par exemple, réuni une moyenne de 189 scans par jour depuis le début de l’année, des scans ensuite adressés au FBI.
 
A première vue, on pourrait penser qu’il ne s’agit que de renforcer la sécurité des citoyens américains. Mais la mise en œuvre de ce procédé n’est pas passée par les voies légales habituelles. Ou plutôt que cette systématisation de la collecte de scans d’iris a eu lieu subrepticement : au départ, l’idée a été présentée au Congrès comme un simple test à petite échelle. Nicole Ozer, qui dirige le service Technologie et politique des Libertés civiles d’ACLU en Californie, ne s’y est pas trompée : « Le fait que ces systèmes se soient développés sans aucun débat public ni aucun contrôle est très troublant. »
 

La collecte de scans d’iris par le FBI est à la limite de l’illégalité

 
Au départ, en 2013, un mémo signé des représentants du FBI et du Département de la Justice de Californie résume les responsabilités. A l’époque, le FBI détenait 30.000 images, difficilement exploitables cependant. Travaillant avec une poignée de partenaires locaux et nationaux, le FBI a organisé un test de faisabilité d’une base de données, qui se gonflerait sans cesse au fur et à mesure que les scans d’iris seraient réalisés par les forces de l’ordre dans tout le pays. Le programme de Californie devait se limiter à une durée d’un an, puis faire l’objet d’une évaluation, mais les documents montrent que ce partenariat a été renouvelé chaque année depuis.
 
Un autre problème vient du fait que les services de police et locaux et les bureaux des shérifs sont arrosés de fonds fédéraux qui les lient en retour à l’échelon fédéral. Le service local devient ainsi progressivement une annexe du service fédéral qui, du reste, n’en est pas à sa première tentative dans ce domaine. En juin, un rapport du Bureau de comptabilité gouvernementale a constaté que 400 millions de scans de visage avaient été stockés illégalement, dont des dizaines de millions provenant de photos de permis de conduire de personnes qui n’étaient pas des délinquants.
 

Risque d’une concentration du pouvoir avec des polices locales phagocytées par le FBI

 
Les données rassemblées par le FBI vont aujourd’hui des empreintes digitales prélevées sur les scènes de crimes jusqu’aux informations récupérées à l’occasion de vérifications sur les antécédents professionnels. La base de données comporte également des systèmes de recherches spécifiques pour l’identification des cadavres.
 
Le FBI possède aujourd’hui une impressionnante banque de données biométriques : avec ce programme de scans d’iris, le risque d’une concentration du pouvoir entre les mains de quelques-uns est bien réel – surtout au moment où l’on conteste le droit des Américains de posséder des armes. L’un des juristes fondateurs des Etats-Unis, George Tucker, écrivait : « Partout où il y a des armées d’active et où l’on interdit aux gens, pour quelque raison que ce soit, d’avoir des armes et d’en porter, la liberté, si elle n’a pas été déjà supprimée, est au bord de la disparition. »
 
On comprend mieux pourquoi les Américains tiennent tant au deuxième amendement de leur Constitution.
 

Patrick Neuville