La Fed met fin au stimulus monétaire

FED Stimulus monétaire
 
Invoquant des « gains solides sur le marché de l’emploi » aux Etats-Unis, la Réserve fédérale (FED) a annoncé mercredi qu’elle mettait un terme au soutien exceptionnel qu’elle donne à l’économie américaine : le fameux « stimulus monétaire » mis en place à l’heure de la crise des subprimes. Si ses taux d’intérêt continueront proches de zéro, elle cessera les injections de liquidités réalisées notamment par l’achat de bons du Trésor.
La Fed – institution indépendante de l’Etat, faut-il le rappeler, étranger à tout contrôle et disposant d’un pouvoir exorbitant sur l’économie en tant que banque centrale – a injecté au cours de ces deux dernières années quelque 1.600 milliards de dollars dans le système financier par des achats qui ont été progressivement réduits pour atteindre une quinzaine de milliards de dollars mensuels.
 

La FED usurpe le pouvoir de l’Etat

  
La reprise de l’économie américaine après l’une des « expérimentations de politique monétaire les plus radicales de l’histoire » n’est pas aussi nette que la Fed voudrait le faire croire : l’emploi progresse mais un nombre croissant d’Américain ont des postes précaires ou à temps partiel, la reprise du marché de l’immobilier reste poussive et le marché boursier, après avoir bénéficié de ces soins intensifs à la suite de la crise, reste toujours vulnérable.
 
Le programme de rachat de bons du Trésor a clairement approfondi l’usurpation du privilège souverain de battre monnaie, réalisée il y a un siècle avec la création de la Federal Reserve.
 

Le stimulus monétaire a eu des effets ambigus et non mesurables

 
Le stimulus  monétaire a-t-il réellement joué un rôle dans la sortie du marasme ? Impossible de le savoir, puisqu’on ne sait pas ce qui se serait passé sans le programme : certes les Etats-Unis s’en sortent mieux que l’Union européenne, mais pourquoi ? Il y a bien d’autres facteurs en jeu – le poids des prélèvements obligatoires, le coût de l’énergie, les lourdeurs administratives, la désindustrialisation au profit des pays « émergents », particulièrement sensible en Europe, l’engagement plus avancé dans la « transition énergétique »…
 
Le stimulus mis en place par la Fed, dit « QE » ou « quantitative easing » (assouplissement quantitatif) a sans doute aidé la reprise de la confiance au plus fort de la crise, sauvant nombre de banques, d’entreprises et de foyers de la faillite, estime Jeremy Warner du Daily Telegraph. Si le risque annoncé alors, l’inflation galopante, ne s’est pas réalisé, il y a eu des conséquences négatives. Notamment, souligne l’éditorialiste, dans le soutien aux prix de l’immobilier où la bulle persiste et entretient les conditions d’une nouvelle instabilité financière. Les riches sont plus riches, les pauvres sont plus pauvres, ajoute Werner, et au final la politique monétaire a été privilégiée par rapport aux réformes structurelles et fiscales. En somme : il ne suffit pas de soutenir artificiellement la demande et la consommation pour obtenir une économie saine.