POLICIER La Fille du train ♥♥♥


 
La Fille du train est un film policier américain, adapté d’un roman à succès récent. Paradoxalement, selon nous, le film s’adresserait surtout à ceux qui n’ont pas lu le livre, et ne connaissent donc pas le nom du meurtrier. Connaître l’identité de ce dernier enlèverait en effet beaucoup de l’intérêt de ce film policier, bâti autour d’une forme d’enquête, à suspects multiples. Dans la lointaine banlieue septentrionale de New-York, dans un paysage périurbain mais d’aspect fort rural de la vallée de l’Hudson, une très belle jeune femme, apparemment heureuse avec son mari et sans histoire, a disparu. Puis son cadavre a été retrouvé, partiellement décomposé, et, horreur, contenant encore un fœtus. Qui est donc le meurtrier de cette femme enceinte ? Ce pourrait être le mari, qui soupçonnait, pas forcément à tort, des infidélités…Ce pourrait être la Fille du train, alcoolique chronique, errant tous les jours dans le quartier, potentiellement violente, plus ou moins folle depuis son divorce, et son remplacement dans sa propre maison par une belle jeune femme sobre ou à peu près – qui n’est pas la défunte, mais qui lui ressemble… Beaucoup d’autres personnages peuvent apparaître plus ou moins suspects au fil du récit.
 
Le titre La Fille du train renvoie aux navettes régulières, en soi devenues absurdes, qu’effectue le personnage principal entre cette lointaine banlieue et New-York, malgré la perte de son travail dans la métropole pour cause d’alcoolisme. Avec ce portrait d’une personnalité initialement parfaitement normale, travaillant et mariée, devenue une épave solitaire par le vice de l’alcoolisme, Emily Blunt étonne positivement, témoignant de son réel talent d’actrice, très loin de ses rôles habituels et faciles d’héroïnes plus ou moins parfaite. Le film vaut toutes les campagnes de lutte contre l’alcoolisme, en démontrant à quel point l’abus d’alcool peut détruite une vie.
 

La Fille du train : un film policier particulièrement réussi.

 
L’intrigue progresse lentement, sans se perdre complètement, en présentant les différents points de vue des protagonistes principaux. Le principe adopté de narration éclatée renvoie parfaitement à l’approche de l’affaire par La Fille du train, qui souffre de la mémoire à éclipses des alcooliques chroniques, et tend à douter de la réalité de certains faits, ne distinguant plus guère entre son imagination morbide, malade, et les faits objectifs. La violence est avant tout psychologique. Si le film ne comporte pas de scène insoutenable pour le spectateur moyen, et c’est heureux, il reconstitue fort bien toute la méchanceté, voire la perversité dont sont capables les hommes les uns envers les autres. Ce tableau est assez accablant, attristant, et ce d’autant plus qu’il paraît dans une large mesure réaliste. Le genre en général fonctionne sur des histoires de meurtres, d’adultères, mais La Fille du train réussit à reconstituer un climat particulièrement noir, sinon oppressif. Il est donc selon nous, de ce fait, et à condition d’apprécier la narration lente, éclatée et de ne pas connaître déjà le coupable, un film policier particulièrement réussi.
 

Hector JOVIEN

 
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