Les Filles au Moyen-Age est une comédie dramatique jouée par des enfants, pour des enfants. Le film affiche, dès le titre, une ambition sympathique : contrairement à une idée reçue, et présente encore dans certains jeux vidéos, où les personnages féminins ne servent qu’à être enlevés et rançonnés, les jeunes filles, ou les femmes, n’étaient pas des personnages effacés, méprisés, au Moyen-Age. Le narrateur, l’acteur bien connu Michael Lonsdale, interprète un grand-père conteur, qui présente quelques scènes historiques, jouées par ses petits-enfants, pour rétablir cette vérité historique. On sent des lectures utiles, indiquées en générique de fin, dont celles des ouvrages de Régine Pernoud.
 
Retrouver les grandes heures de l’Histoire de France, de Clovis à Charles VII, passionne le spectateur attentif. Mais Clovis devait-il être présenté en brute primitive ? On pense plus réaliste de répondre par la négative, car il a fallu une forte intelligence pour conquérir la Gaule – même si cela ne permet pas de douter de sa capacité à la violence politique. Cela n’enlève rien aux mérites de sainte Clotilde. Le portrait de Charles VII, sévère, est plus juste. Il a été en effet bien ingrat avec Jeanne d’Arc ; il a aussi donné le mauvais exemple d’une pratique nouvelle et scandaleuse, celle des maîtresses royales, avec Agnès Sorel. L’Antiquité et la Renaissance sont bien noircies, ce qui n’était pas forcément nécessaire pour réhabiliter le Moyen-Age.
 

Les Filles au Moyen-Age : une fraîcheur joyeuse et pas désagréable

 
La dimension chrétienne, donnant toute sa dignité à la femme, plus importante probablement que jamais au Moyen-Age, est présente, mais pas assez explicitement affirmée à notre sens. Pire, la tentative d’explication de la Trinité tourne à la catastrophe, pour ne pas dire à l’hérésie : le Saint-Esprit est curieusement assimilé à la Vierge Marie, et ce sur un singulier tableau explicatif.
 
Ces approximations ou erreurs sont agaçantes. Mais l’esprit général positif inspire une certaine bienveillance. Les thèmes secondaires, comme la beauté perdue des campagnes françaises, opposés à la laideur des espaces périurbains actuels, sonnent eux parfaitement juste. Enfin, il faut saluer la fraîcheur joyeuse des interprètes, qui font que Les Filles au Moyen-Age n’est pas désagréable.
 

Hector Jovien