DRAME Une belle fin ♥♥♥♥


 
Une belle fin est l’histoire d’un fonctionnaire consciencieux chargé de retrouver les familles des décédés isolés, ou d’organiser leurs funérailles. De ce sujet a priori modeste le réalisateur fait un très grand film, voire franchement un chef d’œuvre. Relevons que le titre français, ni laid ni absurde par rapport au film, occulte quelque peu le sens du titre anglais, « Still life », « toujours en vie » dont le sens précis est une reconnaissance explicite de l’immortalité de l’âme. Cette perspective chrétienne, étonnante par sa rareté au cinéma actuel, surtout en Europe, illumine tout le film. En effet les corps des défunts sont d’autant plus à respecter que leur âme immortelle est toujours vivante.
 

Une belle fin, sans angélisme

 
Cette histoire simple et belle est portée par l’interprétation d’Eddie Marsan, en John May, ce fonctionnaire si consciencieux, et qui dissimule derrière un simple zèle apparent une grande bonté. Il tient à assurer aux malheureux décédés des funérailles religieuses chrétiennes, des enterrements au cimetière. Mais tout ceci coûte trop cher : il faut incinérer rapidement les cadavres, disperser les cendres, et tant pis pour les éventuelles familles, décide un responsable ; et John May sera licencié.
 
Voilà un matérialisme monstrueux, typique de notre époque. John May se montre à la fois très compétent dans la recherche d’indices pour reconstituer des vies et retrouver des proches éventuels. Ceci implique quelque esprit pratique, mais comportant pourtant une dimension poétique indiscutable. Ce rappel de la dignité humaine fondamentale s’effectue sans angélisme ; reconstituer l’existence d’un sexagénaire alcoolique mort absolument seul n’est pas retrouver un passé charmant. La famille est défendue en creux ; un époux et père ne doit pas abandonner les siens pour de peu édifiantes pérégrinations. Et pourtant, il ne faut pas exclure le pardon.
 

Le film à voir

 
Tout cela est fort bon, chrétien, avec un traitement fin, à l’opposé du discours démonstratif explicite des téléfilms évangélistes. Les maux sociaux, la solitude de tous, y compris du héros, la pauvreté, l’alcoolisme, ou l’instabilité des familles, tout est encore montré, dénoncé, sans cette lourde insistance de bien des films sociaux.
 
Une belle fin est donc le film à voir ce printemps.