COMEDIE DRAMATIQUE Le Fils de Joseph ♥♥


 
Le Fils de Joseph est un film français original. Il porte la marque forte de la personnalité de son réalisateur, Eugène Green. Il s’adresse en particulier aux admirateurs de cet artiste talentueux et atypique, une exception dans la vacuité et la grossièreté du cinéma français d’aujourd’hui. Il a repris certains de ses acteurs favoris, qui suivent le mode de diction théâtral des répliques qu’il affectionne, avec les liaisons systématiques au cœur des phrases, ou le bannissement strict de tout anglicisme ; ainsi, détail amusant et sympathique, un lycéen s’exclame avec de retentissants « c’est frais », ou « c’est super-frais », qui évitent en le traduisant le fort laid « cool ».
 
Un lycéen, qui vit avec sa mère dans le Marais, au centre de Paris, souffre de solitude. Il refuse de se livrer aux activités peu attirantes de ses condisciples, comme torturer un rat en cage – l’animal, Gargantua, n’a pas été maltraité et se porte à merveille est-il précisé en générique de fin –, ou se livrer à un commerce indécent – mais qui n’est l’objet, heureusement, d’aucune image. Il aimerait surtout connaître enfin son père ; il se heurte à ce sujet au refus hostile de sa mère. Ce refus, en soi peu pédagogique, car l’adolescent n’en cherchera que d’autant plus à creuser la question, s’avèrera compréhensible, le géniteur étant un personnage fort peu sympathique, odieux pour tout dire. Le fils inconnu découvre donc ce père écrivain gestionnaire d’une collection ; il se fait passer pour un jeune auteur, et cela fonctionne ; il sera fort déçu. Toutefois, la satire des milieux littéraires est amusante.
 

Le Fils de Joseph, pour passer un très bon moment

 
Le réalisateur a choisi ici de reprendre les codes du vaudeville. Certaines scènes sont typiques de ce sous-genre théâtral, comme le fait de se dissimuler sous une banquette pour surprendre des conversations ou comportements, avec une maîtresse puis une épouse. Etait-ce une bonne idée ? Pourquoi pas, d’autant plus que le film ne cesse ensuite de gagner en profondeur. Un adolescent a besoin d’un père, et en trouvera un de substitution, son oncle Joseph – frère de ce détestable père –, homme bon, qui justifie le titre. Ce Joseph a connu de nombreux échec dans la vie ; c’était une bonne idée scénaristique de ne pas en faire un être parfait et qui aurait réussi.
 
Le Fils de Joseph use largement d’une imagerie biblique, spectacle rare, sans qu’il s’agisse d’un film religieux au sens strict. Dans certains dialogues, il est tout de même question de Dieu – qui existe, enseigne Joseph à son neveu. L’histoire est finalement bien construite. Peut-être ne s’agit-il pas d’une œuvre majeure, mais le spectateur passe un très bon moment avec Le Fils de Joseph.
 

Hector Jovien

 
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