Fitch met en garde contre l’explosion des dettes de la Chine et de ses bulles spéculatives

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La prochaine bombe financière mondiale pourrait bien être la Chine communiste et ses 1,37 milliard d’habitants. L’agence de notation du crédit Fitch Rating vient de publier une note mettant en garde contre la dérive de la deuxième économie mondiale dont le montant des crédits augmente à une vitesse deux fois supérieure à celle de la croissance économique, laquelle se nourrit de dangereuses bulles spéculatives, en particulier dans l’immobilier. Pour Fitch, les mesures de stimulation économique à court terme dissimulent de graves lacunes, et les réformes indispensables sont passées par profits et pertes, préparant de dangereuses déconvenues. D’autant que la démographie se retourne.
 
Certes, explique Fitch, le contrôle public sur les organismes de crédit constitue une garantie contre un effondrement brutal de la confiance, mais les autorités communistes paraissent désormais incapables d’atteindre leurs objectifs démesurés de croissance du PIB. Les banques se débattent déjà dans un stock de prêts et de capitaux douteux. L’ensemble des crédits, incluant les obligations des autorités régionales, a crû au rythme échevelé de 16,1 % en 2016 alors que la croissance nominale du PIB, selon les chiffres officiels très probablement surestimés, a été de 8 %. « L’envolée du crédit indispensable au maintien de croissance à son taux actuel démontre que l’expansion économique soutenable à moyen terme est bien inférieure aux objectifs affichés par le gouvernement », tranche Fitch.
 

Une dette équivalant à 300 % du PIB en 2020

 
Wei Yao, analyste à la Société Générale, estime que la dette totale non-financière s’approche des 270 % du PIB et qu’elle atteindra 300 % dans les trois ans, sauf si le Politburo communiste renonce enfin à ses objectifs de croissance démesurés et arbitraires.
 
Cette situation pourrait imposer un atterrissage sur le ventre du type de celui qu’a subi le Japon dans les années 1990 – plus de deux décennies de stagnation, déjà – mais cette fois à l’échelle de la Chine, pays dont la population est dix fois plus importante que celle de l’archipel. Analyste au Daily Telegraph, Ambrose Even-Pritchard estime que l’impact global d’une telle correction « pourrait être cinq fois plus important que celui de l’épisode japonais ». Pour autant, Fitch veut encore croire en un dénouement moins dramatique. Andrew Fennell, patron de l’agence pour l’Asie, pense que « l’hypothèse la plus probable reste que la charge de la dette entraîne un ralentissement économique substantiel d’ici la fin de la décennie, plutôt qu’une crise financière pure et simple ».
 

Fitch relève les menaces en Chine : dette et repli démographique

 
Les objectifs démentiels de croissance économique affichés par la dictature libéralo-communiste paraissent d’autant plus hors de saison que le pays fait d’ores et déjà face à une décroissance démographique. Il a atteint son « point de Lewis », ce stade à partir duquel se tarit sa ressource en main d’œuvre bon marché illimitée, généralement issue des zones rurales.
 
Selon le centre d’analyse indépendant Capital Economics, le taux offres d’emplois/demandeurs d’emploi, souci capital du parti communiste pour son contrôle politique, est proche de ses niveaux record à 1,1. La Chine a créé 13 millions d’emplois net en 2016. De quoi nourrir les revendications des salariés, désormais moins confrontés à la concurrence de la main d’œuvre à bas coût issue des régions pauvres du pays.
 

Bulles spéculatives sur l’immobilier

 
Enfin, Fitch relève que les sorties nettes de capitaux cette année continuent d’amoindrir les réserves en devises étrangères, qui ont déjà diminué d’un milliard de dollars. « Ces sorties ne peuvent pas se poursuivre à un tel rythme sans constituer une menace systémique », met en garde l’agence. Pour couronner le tout, la dernière envolée des prêts a induit une explosion des prix de l’immobilier, alimentant une bulle spéculative. Pékin a déjà actionné les freins, bloquant l’envolée de prix dans les grandes villes. L’indicateur officiel de l’immobilier pour décembre révèle des baisses dans une vingtaine des soixante-dix villes analysées. Effet pervers de l’économie libérale mais administrée par un parti unique : en 2015, le régime avait délibérément poussé investisseurs et particuliers à investir massivement dans l’immobilier, engendrant un pur délire spéculatif. Il s’en est rapidement mordu les doigts.
 

Matthieu Lenoir