POLICIER/DRAME HISTORIQUE
Fleur de Tonnerre ♥♥


 
Fleur de Tonnerre est le surnom d’une empoisonneuse en série célèbre en son temps. Elle a sévi principalement sous le règne de Louis-Philippe (1830-1848). Elle a assassiné des dizaines de ses employeurs successifs, chez lesquels elle travaillait comme cuisinière. Elle empoisonnait simplement la nourriture. Cette histoire authentique de l’empoisonneuse Hélène Jégado (1803-1852) a été exhumée par un roman historique récent, bien documenté, de Jean Teulé, Fleur de Tonnerre (2013), dont le film propose une adaptation réussie.
 
L’histoire est donc particulièrement sombre, et s’adresse avant tout aux amateurs de ce type de policiers. L’époque, plutôt bien reconstituée, avec pour cadre la Bretagne de la première moitié du XIXème siècle. Cette application permet aussi de rattacher le film au drame historique. Le mélange de ces deux genres fonctionne selon nous parfaitement durant le film. Les caractères de l’époque sonnent juste, des paysans aux serviteurs, des juges aux curés. Ces derniers sont représentés de façon réaliste, honnête, chose rare dans le cinéma français d’aujourd’hui, comme des hommes fondamentalement bons, pieux, dévoués, avec peut-être comme pire vice une légère gourmandise…
 

Fleur de Tonnerre : un film réussi pour un sujet caractère particulier

 
Fleur de Tonnerre développe le point de vue du personnage principal. Il réussit à intéresser, à émouvoir, avec ce point de vue d’assassin, mais sans sombrer pour autant dans une sympathie qui serait insupportable. La meurtrière en série est indéfendable. Elle a tué sans discernement aucun, tuant pour tuer, obéissant à une voix intérieure. Elle a envoyé prématurément dans l’autre monde non pas spécialement des gens mauvais mais moult êtres bons, souvent aimés, comme sa tante qui l’avait recueillie après la mort de sa mère, ou une excellente épouse, ou une servante innocente qui l’avait pourtant aidée…
 
Fleur de Tonnerre réussit à reconstituer la psychologie de la meurtrière. Sans surprise, elle est instable, combine mépris de la vie d’autrui et de la sienne propre, avec des tendances suicidaires. Le jeu de l’actrice belge Deborah François, est, pour ce rôle difficile, remarquable. Le spectateur s’interroge au sujet de la meurtrière. La justice de l’époque l’avait jugée responsable, et guillotinée, et ce point de vue demeure soutenable. Mais n’était-elle pas folle, folle meurtrière, mais folle ? Ou ses voix mauvaises, dites de l’Ankou, réclamant des assassinats, ne renverraient pas à de la possession démoniaque, possession plus ou moins volontaire, réelle ? Le XIXème était déjà trop rationaliste pour se poser cette question.
 
Tout en reconnaissant, du fait de son sujet, un caractère particulier, Fleur de Tonnerre est un film réussi.
 

Hector JOVIEN

 
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