La Foire de Chatou, aux antiquités et à la brocante, a perdu ses jambons

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« Pour sa 91ème édition, la Foire de Chatou célébrera la diversité qui a toujours été dans son ADN », peut-on lire sur le site de l’organisation. Pas si sûr… ou peut-être alors dans le sens moderne du terme, le genre politiquement correct – celui qui nous hérisse le poil. On sacrifie à la Diversité, en sacrifiant la nôtre. Car la vieille et belle Foire de Chatou, aux antiquités, à la brocante et aux jambons a définitivement tronqué son nom. Malgré le petit cochon-fifre à l’air joyeux qui orne toujours son logo, on ne dit plus mot des « jambons »…. L’air du (mauvais) temps les aurait-il emportés ? Le « souci » de simplification sera toujours un bon prétexte.
 

La Foire de Chatou : de la brocante et des antiquités – seulement

 
En 2013, le magazine de la Ville de Chatou parlait encore de la « Foire nationale aux Antiquités, à la Brocante, et aux Jambons ». En 2014, c’était déjà la « Foire nationale aux antiquités, brocante et produits du terroir ». Aujourd’hui, c’est tout simplement la « Foire de Chatou ».
 

Exit les jambons !

 
Et pourtant, elle a son histoire, bien française. Son origine remonte, ni plus ni moins, au Moyen-Age avec la Foire aux Salaisons, grande tradition gauloise qui préparait les réjouissances de Noël. Elle se fixe boulevard Bourdon à Paris en 1840, époque à laquelle des marchands de ferraille et de bric-à-brac viennent se mêler aux échoppes : la Foire de la Ferraille rejoignait la Foire des Salaisons !
 
En 1869, les deux marchés furent transférés boulevard Richard Lenoir, et y demeurèrent jusqu’en 1970, date à laquelle ils furent chassés de la capitale, sur délibération du Conseil de Paris. La Foire, devenue une, trouva refuge sur l’île des impressionnistes de Chatou.
 

Mes beaux jambons…

 
La ferraille avait eu le temps de se transformer en brocante, et même en antiquité, tel un diamant qui se polit. Les salaisons et les cochonnailles étaient restées un tant soit peu les mêmes… bien que l’intérêt du non-comestible l’eût emporté.
 
Mais aujourd’hui, la Foire a tronqué son nom. Bien sûr, le boulevard Voltaire (car ce ravissant village temporaire qui revit deux fois par an a ses rues) aura encore quelques beaux jambons à suspendre, devant un accueillant verre de rouge… Espérons seulement qu’ils ne soient pas les derniers vestiges d’une tradition s’effilochant…
 

Clémentine Jallais