DRAME Dans les forêts de Sibérie ♠


 
Dans les forêts de Sibérie est un film fondamentalement contemplatif, comme le titre l’indique. Il est présenté comme l’adaptation, très libre, du roman de Sylvain Tesson (2011). Un Français, Teddy, au surnom de nounours en anglais, épuisé physiquement et moralement par son travail dans le monde des médias, décide de faire une pause, longue et complète. Il opte pour le choix radical de se ressourcer dans un désert humain complet ou presque, soit Dans les forêts de Sibérie, et de vivre au milieu des ours.
 
La nature est belle, apaisante. Le lac Baïkal est magnifique, majestueux l’hiver, gelé, comme en eau pendant l’été. Il forme une véritable mer d’eau douce entourée de hautes montagnes. Il abrite une espèce de phoques unique au monde, et sa faune aquatique présente de nombreux cas d’endémisme intéressants, chez les poissons et mollusques d’eau douce. Ces particularités sont bien montrées. Par contre le temps doit se faire long pour tout ermite volontaire. Le spectateur, même sachant à quoi s’attendre, s’ennuie déjà assez vite. Les 1H45 du film en paraissent durer le double. Les amateurs de beauté sibérienne préfèreront voir le documentaire sur le sujet de la 5ème. Il y aurait un commentaire naturaliste attendu, qui manque Dans les forêts de Sibérie. Pourquoi alors avoir tenté de réaliser un récit de fiction ?
 

Dans les forêts de Sibérie : une greffe qui sabote un film déjà faible

 
Le problème majeur est que les choses empirent lorsque sont greffées, fort artificiellement, des scènes d’action. Un criminel russe en cavale irait-il se cacher Dans les forêts de Sibérie ? Pourquoi pas. Mais il est alors plus qu’extrêmement improbable qu’il croise malencontreusement, au milieu des immensités sibériennes, l’ermite français volontaire. Cette hypothèse extravagante n’offre pas la moindre crédibilité. L’action brusque, relevant du film de gangsters, si elle peut éventuellement réveiller brutalement le spectateur depuis longtemps assoupi, sabote le plaisir éventuel de la contemplation pure de la nature des rares cinéphiles obstinés. La greffe, de mauvais aloi, sur la trame du roman initial se sent, jure affreusement, et sabote un film déjà faible.
 

Hector JOVIEN

 
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