La France, la présidentielle et les chrétiens d’Orient

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Est-ce une volonté nouvelle – et qui serait bienvenue… – d’ouvrir les yeux ? Ou plus prosaïquement un moyen d’apparaître comme un fin politique en cette époque où notre pauvre pays en compte si peu – pour ne pas dire pire ? Peu importe sans doute (ou plutôt peut-être), les chrétiens d’Orient, au-delà de l’action menée par de courageuses associations, refont surface, si l’on peut dire, en France. En espérant qu’ils ne soient pas qu’un simple pion sur le triste échiquier de notre campagne présidentielle…
 
Il y a, bien sûr, ces quelques familles chrétiennes qui continuent d’arriver dans notre pays pour s’y réfugier, loin de la guerre. Il y a aussi, sur le plan politique, cette résolution, qui doit être discutée ce mardi 6 décembre au Sénat, pour faire reconnaître « les crimes de génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre » perpétrés contre les chrétiens d’Orient, et, plus largement, contre les populations civiles en Syrie et en Irak.
 
Tout le monde, ou presque, semble en effet vouloir s’emparer du sujet, à défaut de savoir comment résoudre le problème que constitue la situation des chrétiens d’Orient. De François Fillon à François Hollande, tout le monde a un avis, une volonté à exprimer sur ce chapitre.
 

Question politique, question présidentielle

 
Du côté du vainqueur de la primaire de la droite et du centre, et donc candidat à la présidentielle pour son camp, la réflexion semble devoir rejoindre l’action du président russe Vladimir Poutine – ce qui n’en fait pas forcément le protecteur des chrétiens d’Orient.
 
Du côté de l’actuel locataire à l’Elysée, il s’agit peut-être plus prosaïquement d’échapper au bourbier politique intérieur, en essayant de laisser une image internationale et – peut-être… – désintéressée. Il est vrai que, en recevant, le 24 novembre dernier à l’Elysée, l’archevêque syriaque-catholique de Mossoul et Qaraqosh, Mgr Yohanna Petros Moshe, François Hollande n’avait sans doute pas encore pris sa décision de renâcler devant l’obstacle. Dès lors, l’entrevue, au-delà de la compassion qu’il est naturel d’éprouver pour ceux qui souffrent, pouvait être un argument vers un électorat qui ne lui était pas d’emblée acquis. Aujourd’hui, c’est évidemment une autre histoire.
 
Quoi qu’il en soit, la question, quand bien même on l’observe sous son angle le plus positif, paraît être fort mal posée. Car, si l’on veut bien considérer la situation de ces chrétiens d’Orient, il ne peut être question, sinon tout à fait temporairement, de leur faire quitter leur pays. Les divers patriarches d’Orient, tant orthodoxes que catholiques, se sont exprimés avec force, et à de nombreuses reprises, sur ce point tant il est vrai que le départ des chrétiens d’Orient de leur terre natale signifierait, tout simplement, la mort du christianisme dans leurs pays. On s’aperçoit d’ailleurs que, depuis le début des mouvements migratoires massifs depuis ces pays, et notamment depuis 2015, nos politiques ont eu tendance, pour des raisons moins de fond mais plus pragmatiques il est vrai, à revenir sur cette idée, pour préférer trouver des moyens de les aider à demeurer chez eux. Une aide qui demande d’ailleurs à être concrètement et totalement réalisée.
 

La France et les chrétiens d’Orient

 
Il est cependant un autre point, plus fondamental encore, sur lequel on peut s’interroger. Que signifie l’aide qu’un François Hollande prétend apporter aux chrétiens d’Orient quand sa politique est si souvent contraire aux chrétiens de son propre pays ? Quand la religion catholique est sommée, par nos catholiques de tout poil, de se cantonner aux sacristies et à l’opinion personnelle de chacun, dont l’expression ne saurait dépasser le cadre de son habitation ? Quand des lois de plus en plus nombreuses, en s’en prenant à l’être humain, à sa vie, à son éducation notamment, vont à l’encontre de la loi naturelle sans laquelle le christianisme ne saurait se maintenir ?
 
On pourrait développer à loisir, et d’aucuns n’ont pas manqué de le faire, ce manquement politique. Pour s’en tenir aux chrétiens d’Orient, on peut simplement observer qu’ils risquaient beaucoup plus à venir chez nous qu’à demeurer chez eux. Chez eux, en effet, ils ne risquent « que » leur vie – ce qui est certes déplorable. Chez nous, ils auraient à faire face, en conservant leur vie, au risque de perdre leur âme !
 

Hubert Cordat

 
• Pour aider les chrétiens d’Orient, on peut contacter certaines associations, telles SOS Chrétiens d’Orient (www.soschretiensdorient.fr), ou l’Œuvre d’Orient (www.oeuvre-orient.fr).