Front national : nouvelles tensions entre Le Pen père et fille

Front national : nouvelles tensions entre Le Pen père et fille
 
Jean-Marie Le Pen est un vieux politique qui n’entend pas se laisser se dicter sa conduite. Lorsqu’on l’interroge, quel que soit le sujet, il dit ce qu’il pense : un point c’est tout. Que ce soit à la télévision, à la radio n’y change rien. La pensée unique n’apprécie guère. Le Front national moins encore, où sa fille, républicaine dans l’âme, a engagé, et passablement réussi, une entreprise de « dédiabolisation ». Il en résulte de nouvelles crispations, de nouvelles tensions. Le Pen, c’est sans doute un nom, une marque ; ce n’est pas nécessairement un signe de réussite…
 
Donc, Jean-Marie Le Pen a maintenu, sur les ondes, que les chambres à gaz étaient un « détail de l’histoire » – propos qui lui ont valu, autrefois, quelques déboires – et expliqué que, au Front national aujourd’hui, il y avait des gaullistes, mais aussi de « fervents pétainistes », et « d’anciens partisans de l’Algérie française ».
 
Expliquant qu’il maintenait ses propos parce qu’il croyait que c’était la vérité, le fondateur du Front national a ajouté : « On a instrumentalisé cette affaire contre moi en y introduisant un soupçon d’antisémitisme alors que je mets au défi quiconque de citer une phrase antisémite dans ma vie politique. »
 

Nouvelles tensions entre les Le Pen père et fille

 
Le parquet de Paris a aussitôt annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire pour contestation de crimes contre l’humanité, et l’Union des étudiants juifs de France a décidé de porter plainte pour le même motif.
 
Mais c’est surtout Marine Le Pen qui a réagi en exprimant son « profond désaccord » avec son père, expliquant qu’il était « dans une stratégie avouée » de « provocation », parce qu’il pense que « la polémique est positive pour le mouvement ».
 
Et de préciser : « Nous sommes en désaccord profond. J’en ai pris acte et je veux croire, quand même, que ceux qui nous rejoignent, ceux qui votent pour nous, ont compris. » Elle estime, en effet, que les « différences » entre son père et elle sont désormais « acquises » par le plus grand nombre.
 

Où se joue l’avenir du Front national ?

 
« On peut dire ce que l’on pense, mais le Front national a quand même une ligne, laquelle est portée par sa présidente. Les propos de Jean-Marie Le Pen n’engagent que lui », conclut-elle.
 
Comment faire autrement quand les ondes répètent à l’envi que son père a tenu des propos abjects, blasphématoires ? Et lorsque l’on a des ambitions politiques pratiques, très éloignées, de ce fait, de tout débat échappant à la pensée unique. On ne peut avoir d’ambition politique aujourd’hui que dans la mesure où l’on se conforme au système.
 
Une question reste en suspens. Marine Le Pen va-t-elle sacrifier Jean-Marie Le Pen, en lui retirant la tête de liste, pour les élections régionales, en région PACA ?
 

Un choix cornélien

 
La chose est tentante. Ce serait faire preuve d’esprit républicain, et clouer le bec des caciques du système qui continuent, en une provocation qu’ils espèrent efficace, de la dire en-dehors des clous.
 
La chose est également risquée, et pour plus d’une raison. Ne serait-ce que, parce que s’il n’est pas faux que les gens qui rejoignent aujourd’hui le Front national suivent une nouvelle ligne, il est tout aussi juste qu’ils le font, pour beaucoup, parce qu’ils sont exaspérés, et donc par esprit de contestation. Une contestation qui, dans l’esprit de beaucoup de Français, porte la marque de Jean-Marie Le Pen.
 
Et puis, il y a les anciens, la vieille garde. Ceux-là sont redevables au fondateur du Front national de leur avoir rendu l’espoir. Quoi qu’ils puissent penser des propos tenus, aujourd’hui ou hier, par Jean-Marie Le Pen, ils ne comprendraient pas qu’il soit évincé.
 
Tel Brennos, Jean-Marie Le Pen pèse lourd dans la balance où se joue la décision de sa fille…