Exposition : PEINTURE
Gauguin l’alchimiste ♥


 
Gauguin l’alchimiste est la grande exposition phare de l’automne à Paris. Elle se tient au Grand Palais. Le parcours propose des œuvres de Gauguin (1848-1903), des peintures évidemment, des dessins et études, mais aussi des meubles et des faïenceries ; Gauguin a en effet touché à beaucoup de choses. Il n’en reste pas moins, que sans nier tout talent par ailleurs à un manuel habile, qu’il est avant tout un peintre, et un des plus grands peintres français de la fin du XIXème siècle.
 
Gauguin l’alchimiste entend mettre en valeur la dimension de recherche, conceptuelle et technique de l’artiste. En soi, la démarche est bonne. Toutefois, faut-il prendre au sérieux les abondants écrits de Gauguin ? Sa stabilité mentale a été pour le moins variable, son caractère épouvantable, et les deux sont allés en s’aggravant avec le temps. Il en résulté des attaques virulentes contre tout et tout le monde, mises en valeur dans les nombreuses publications autour de l’exposition. Mais elles traduisent surtout selon nous un rejet pathologique de toute forme d’autorité, que ce soit la hiérarchie catholique, l’administration française coloniale ou Pissarro, en tant que chef d’école de l’impressionnisme et de ses suites, le concept de « chef » étant insupportable à Gauguin…Sur le plan métaphysique, Gauguin s’inscrit dans un spiritualisme panreligieux typique de son époque. Ainsi a-t-il a cherché une primitive humanité crédule en Bretagne, en Provence, et jusqu’en Polynésie. Il ne l’a d’ailleurs pas trouvée et l’a donc réinventée suivant ses idées. Enfin l’artiste est mort au milieu des pires charges anticléricales, sculptées dans sa Maison du Jouir, présente à l’exposition, sommet de mauvais goût et qui fait craindre, avec de telles dispositions, pour son salut éternel, même si son discernement est alors plus que jamais douteux.
 

Gauguin l’alchimiste une exposition à voir mais qui n’enchantera pas forcément dans son ensemble

 
Gauguin l’alchimiste propose essentiellement deux époques et deux styles majeurs de l’artiste : sa phase impressionniste et postimpressionniste des années 1880, sa phase symboliste des années 1890-1900, ce symbolisme relevant d’un exotisme artificiel avec ses tableaux polynésiens. Nous avouerons préférer de très loin la première des deux périodes. Les tableaux sont alors le plus souvent beaux. Les paysages de Pont-Aven, très connus, sont justement réputés. Les petites danseuses bretonnes sont charmantes. Il y a de la fraîcheur, de la lumière, dans cette période. Puis viennent les Tahitiennes de Gauguin…Il y a dans son approche une sensibilité érotique personnelle parfois trop claire ; donc selon nous, il ne faudra pas emmener les enfants à cette exposition. Cette deuxième phase est nonobstant intéressante historiquement : les traits géométriques de bien des personnages annoncent alors nettement le cubisme, et les couleurs volontairement coupées de toute réalité le fauvisme. Par contre, à quelques exceptions près, osons le dire, ces tableaux ne sont pas esthétiquement séduisants. Un artiste très doué s’est engagé dans une voie douteuse et s’y obstiné jusqu’à la mort.
 
De façon générale, pour le public curieux d’Histoire de l’Art, Gauguin l’alchimiste reste à voir. Mais elle n’enchantera pas forcément dans son ensemble, et la foule pénible des grandes expositions parisiennes n’aidera vraiment pas à une contemplation sereine des œuvres.
 

Hector JOVIEN

 
Gauguin alchimiste peinture exposition
 
11 Octobre 2017 – 22 Janvier 2018
Grand Palais, Galeries nationales
Tous les jours de 10h à 20h
Nocturnes les mercredis, vendredis et samedis jusque 22h
Fermé le mardi 
Fermetures anticipées à 18h les dimanches 24 et 31 décembre.
Fermé le lundi 25 décembre 2017
Plein tarif : 14 €
Tarif réduit : 10 €
Tarif tribu (4 personnes dont 2 jeunes de 16-25 ans) : 38 €