COMEDIE Girls Only, un film de Lynn Shelton ♠


 
Girls Only est encore une fausse traduction, remplaçant un titre américain idiomatique – Laggies – par un anglais transparent, ou voulu tel. Girls Only, « seulement pour les filles », sonne comme un avertissement à plusieurs niveaux. Le film ne devrait concerner que le public féminin, et il risque d’être parfaitement idiot. Cette intuition s’avère hélas parfaitement exacte. Les questions de maquillages, de robes, de sous-vêtements, risquent de ne pas passionner la gent masculine. Et dans le fond, ni le scénario ni la mise en scène ne laissent transpirer beaucoup d’intelligence.
 
Deux très grandes actrices – dont la seule présence justifie notre curiosité improbable pour ce film, faut-il l’avouer ? – Keira Knightley et Chloé Grace Moretz, ne réussissent pas à sauver Girls Only du naufrage redouté. Une trentenaire irresponsable, plus ou moins sommée par son entourage, compagnon, parents, amis, de passer enfin à l’âge adulte, de se marier, de trouver un emploi véritable et stable, s’enfuit. Elle s’intègre, suite à une rencontre fortuite, à une bandes de lycéens, qui partagent sa philosophie, si l’on ose dire, de vie, c’est-à-dire une irresponsabilité totale affichée. Ce scénario improbable se réalise grâce à la compréhension du père trop seul de la nouvelle grande amie adolescente de la trentenaire en fuite. Suivent quelques péripéties sans grand intérêt. La volonté lourdement démonstrative d’empathie pour les caractères abolit l’essentiel du potentiel comique. Quelques répliques amusantes surnagent çà et là, mais bien trop peu pour susciter un quelconque intérêt.
 

Girls Only déplaît souverainement

 
Enfin, la morale de Girls Only déplaît souverainement. Chose très prévisible, elle exalte la « liberté » de la trentenaire adolescente attardée. Toute notre sympathie allait au contraire aux personnages « négatifs », le compagnon et la mère de l’intéressée, affligés à juste titre. Le seul intérêt du film est d’illustrer la situation fausse des concubinages, surtout long, quasi-mariage, pré-mariage pour l’un, simple situation provisoire de confort– avoir son amant sur place au réveil, apportant le café au lit –pour l’autre, à rompre dès qu’elle ennuie.
 

Hector Jovien