La Grèce face au referendum

La Grèce face au referendum
 
Le premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé vendredi soir la tenue, le 5 juillet prochain, d’un referendum sur le projet d’accord « argent frais contre réformes » soumis par les créanciers internationaux de la Grèce. Il s’agit là, en quelque sorte, de la réponse du berger grec à la bergère européenne. Athènes n’a pas apprécié ce nouvel ultimatum, jugé contraire aux principes fondateurs de l’Union européenne.
 
Cette décision d’Alexis Tsipras a pris Bruxelles de court. En effet, alors que le premier ministre grec avait, en définitive, accepté le principal des exigences des créanciers internationaux, et qu’il se trouvait prêt, de manière à peine déguisée, à mettre en place une nouvelle politique d’austérité, ni Bruxelles, ni le FMI ne s’attendaient manifestement à ce qu’il réagisse à ce point. C’est qu’Alexis Tsipras entendait sauver les apparences face à la population grecque. En le poussant dans ses retranchements, ses interlocuteurs ne lui ont laissé d’autre choix que de durcir sa position – ou de démissionner sous la pression de la rue.
 

La Grèce joue quitte ou double

 
Tant Bruxelles que le FMI croyaient en outre que le risque, désormais très proche, de défaut de paiement de son pays convaincrait le premier ministre grec de passer définitivement sous les fourches caudines qu’ils ont spécialement dressé pour lui. Or, la perspective de retrouver l’accord de ses électeurs serait plutôt en train de convaincre Alexis Tsipras de hausser le ton. Et tant pis, jusqu’à un certain point, pour l’argent. L’autarcie est aussi un mot grec…
 

Le referendum ou le choix de la démocratie

 
Alexis Tsipras l’avait d’ailleurs dit clairement en rentrant vendredi à Bruxelles : « On a demandé au gouvernement grec d’accepter une proposition qui accumule de nouvelles charges insupportables sur le peuple grec et sape la reprise de la société grecque et de son économie, qui maintient non seulement l’incertitude mais amplifie davantage encore les déséquilibres sociaux. »
 
En se mettant ainsi sous la protection de la « volonté souveraine du peuple grec » contre « l’obsession, principalement de la part du Fonds monétaire international, pour une austérité dure et punitive », le premier ministre fait mieux que la nique à ses partenaires internationaux ; il emprunte la seule voie qui soit encore en mesure de préserver, peut-être, son avenir…
 

François le Luc