Etats-Unis : des tests secrets du DHS révèlent de grosses failles dans les systèmes de sécurité des aéroports

Etats-Unis : des tests secrets du DHS révèlent de grosses failles dans les systèmes de sécurité des aéroports
 
L’agence américaine chargée de la sécurité des transports (TSA) depuis les attentats du 11 septembre 2001 ne serait pas aussi efficace qu’elle voudrait le laisser croire malgré les moyens considérables mis à sa disposition. C’est ce qui résulte d’une enquête interne menée par le Department of Homeland Security (DHS) des Etats-Unis, au cours de laquelle des agents ont réussi à déjouer les mesures de sécurité en se faisant passer pour de simples passagers, munis d’armes interdites ou de faux explosifs. De grosses failles révélées par des tests évidemment secrets.
 
Il est impossible de savoir exactement quand ces tests ont été menés mais les responsables américains ont affirmé que des changements ont déjà été effectués pour corriger les inquiétantes fragilités du système révélées par les derniers tests.
 

67 fois sur 70, les agents du DHS ont fait passer des armes malgré les contrôles de sécurité

 
Les agents secrets du DHS se sont présentés aux contrôles de sécurité des douze aéroports les plus fréquentés des Etats-Unis, et ont finalement réussi à introduire des armes ou des faux explosifs dans 67 des 70 tests effectués.
 
L’un de ces agents à même été arrêté après avoir déclenché une alarme à cause d’un magnétophone, mais les agents n’ont pas détecté le faux explosif qui était attaché à son corps, ni au passage des portiques, ni lors de la fouille corporelle qui a suivi.
 
« A peine mis au courant des révélations du rapport du bureau de l’Inspecteur général, le secrétaire (du Homeland Security) Jeh Johnson a immédiatement ordonné au TSA de mettre en œuvre une série de mesures, dont plusieurs l’ont déjà été, pour prendre en compte les questions soulevées par ce rapport », écrivait récemment le DHS.
 

L’agence chargée de la sécurité des aéroports tente de rassurer et permet d’en finir avec ces grosses failles

 
Les responsables de la sécurité n’en répétaient pas moins à l’envi que la sécurité dans les aéroports du pays était très forte, grâce à des technologies impossibles à déceler et à des chiens capables de déceler les bombes. Des propos totalement décrédibilisés au lendemain de la publication de cette enquête qui révèle 95 % d’échec.
 
Un test semblable avait été mené en 2013 par un agent qui avait caché une bombe factice sur lui, avant de passer sous les détecteurs de métaux : il n’avait jamais été arrêté.
 
« Nous savons que l’adversaire innove et nous devons pousser nos capacités afin de garder notre avance », écrivait alors un fonctionnaire de TSA sur son blog en 2013, expliquant : « Nos testeurs rendent donc souvent ces tests aussi difficiles que possible ».
 
L’administrateur du TSA qui sévissait à l’époque, John Pistole, avait alors décrit l’« équipe rouge » du TSA comme une équipe de « super terroristes » qui connaissent exactement les failles à exploiter.
 

Etats-Unis : aucun progrès des systèmes de sécurité dans les aéroports malgré des millions de dollars dépensés

 
Lors d’une intervention devant les parlementaires, il s’était voulu rassurant : « Les agents connaissent exactement nos protocoles. Ils peuvent créer, concevoir et dissimuler des objets que les meilleurs terroristes ne pourraient réaliser. »
 
Plus récemment, le DHS a mené des tests sur les systèmes de « fouille » des bagages qui se sont également révélés décevants.
 
Selon cette enquête, le TSA n’a donc fait aucun progrès notable depuis le dernier rapport rédigé en 2009, malgré les 540 millions de dollars dépensés dans les systèmes de vérification des bagages et les 11 millions de dollars dépensés dans la formation des équipes.
 
Pourquoi donc maintenir ces contrôles coûteux s’ils ne servent à rien ? Une manière de conditionner les foules, de crédibiliser la « guerre contre le terrorisme » ?
 

Béatrice Romée