Double discours : ce que Hillary Clinton a dit à Goldman Sachs dans ses conférences à 675.000 dollars

Hillary Clinton conférences Goldman Sachs 675.000 dollars
 
Trois conférences, à raison de 225.000 dollars l’une : voilà qui est très bien payé à n’importe quelle aune. Pour la puissante banque Goldman Sachs, c’est certainement une paille, mais en versant à Hillary Clinton la coquette somme de 675.000 dollars pour trois interventions, on peine à croire que ses responsables avaient seulement envie d’entendre ce que racontait celle qui était encore secrétaire d’État de Barack Obama. Voulaient-ils acheter son influence ? Ce serait une explication rationnelle pour une telle dépense de la part d’une institution financière dont les anciens peuplent les gouvernements en route vers le mondialisme. Mais à vrai dire on n’en sait rien. Ce que l’on connaît aujourd’hui, en revanche, c’est la teneur des conférences données par la candidate à la présidentielle américaine. La retranscription en a été rendue publique dans le cadre de la publication des mails de plusieurs responsables de la campagne présidentielle par WikiLeaks. On y relève surtout le double discours de la candidate.
 

675.000 dollars pour laisser entrevoir la vraie pensée de Hillary Clinton

 
Le site d’information The New American a analysé les textes qui restituent les conférences données par Clinton de juin à octobre 2013 : le point le plus intéressant est qu’ils ne sont pas en cohérence avec certaines prises de position publiques de la candidate au cours de la campagne actuelle.
 
On apprend ainsi que selon Mme Clinton – elle l’a déclaré le 24 octobre 2013 lors d’un symposium pour l’investissement de Goldman Sachs – la loi Dodd-Frank adoptée à la suite de la crise financière de 2008 l’a été pour des « raisons politiques ». « Si à l’époque vous étiez un membre élu du Congrès et que les habitants de votre conscription étaient en train de perdre leurs emplois et de fermer leurs entreprises alors que toute la presse disait que c’était la faute de Wall Street, ce n’était pas possible de rester à ne rien faire », a-t-elle expliqué. Alors, une loi pour la galerie ? Tout laisse entendre que Hillary Clinton pense que cette loi n’était d’aucune utilité pour s’en prendre aux racines du problème, et qu’à l’époque, elle le savait déjà.
 
Devant les responsables de Goldman Sachs, elle reconnaissait que s’il faut des lois et des règles dans le monde de la finance et de l’industrie, il ne faut pécher ni par excès ni par défaut et donner la parole principalement à ceux qui y travaillent pour aboutir au meilleur équilibre possible. En public, la candidate Clinton s’en prend au contraire sans cesse aux riches et au capitalisme.
 

Lors de ses conférences devant Goldman Sachs, Clinton dit ce qu’elle pense vraiment de l’intervention en Syrie

 
De même, devant des banquiers, elle souligne que les prêteurs hésitent à prêter en raison du nombre des règlements et, pire encore, de l’instabilité et de l’imprévisibilité de ceux-ci. Des partisans du marché libre estiment en effet que c’est ce qui avait prolongé la Grande dépression : une hésitation à investir alimentée par la peur de ce que l’administration Roosevelt allait inventer de nouveau. D’aucuns font le même reproche à l’administration Obama aujourd’hui ; or Hillary Clinton était à son sommet.
 
En 2013, la question de l’intervention en Syrie, déjà en proie à la guerre islamiste, était déjà sur les tablettes. En juin 2013, Clinton analysait devant les banquiers de Goldman Sachs l’idée, très populaire à l’époque parmi les politiques américains, que les États-Unis devraient imposer une zone d’exclusion aérienne, chose qu’elle vient de réitérer lors d’un récent débat avec Donald Trump.
 

Hillary Clinton favorable à des actions secrètes dans les affaires étrangères

 
Mais en 2013, devant les banquiers, elle précisait que la Syrie dispose de « systèmes de défense antiaérienne extrêmement sophistiqués », améliorés par du matériel russe. « Pour avoir une zone d’exclusion aérienne il faut extirper toute la défense antiaérienne, dont une part importante est implantée dans des zones très populeuses. De telle sorte que nos missiles, même s’ils sont lancés à distance sans mettre en péril nos propres pilotes… eh bien vous allez tuer beaucoup de Syriens. Et ainsi, tout d’un coup, cette intervention dont on parle avec désinvolture engage de Etats-Unis et les l’OTAN et prend la vie de beaucoup de civils », affirmait-t-elle.
 
Aujourd’hui, en public, elle parle toujours « avec désinvolture », et comme les autres, de la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne, à l’instar d’ailleurs de nombreux Républicains tel le colistier de Donald Trump, Mike Pence. Trump a de son côté affirmé de multiples manières qu’il n’installerait pas une telle zone.
 
En privé, devant Goldman Sachs, Hillary Clinton affirmait que les Etats-Unis devaient intervenir de manière secrète : « Aussi secrètement qu’il est possible aux Américains d’intervenir », pour reprendre ses propres paroles.
 
Sont-ce des déclarations qui valent 675.000 dollars ? Là n’est pas la question : ce qui importe, c’est que sur des sujets aussi fondamentaux et sensibles, les Américains devraient avoir été mis au courant autrement que par des mails fuités, de la position de la candidate à la présidence.
 
Pour ce qui est des actions de politique étrangère des Etats-Unis sous la présidence de Hillary Clinton, tout laisse croire qu’elles pourraient ne même pas être portées à leur connaissance puisque la candidate est partisane du secret.
 

Anne Dolhein