Où Hillary Clinton expose la pensée du mondialisme face au terrorisme

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Hillary Clinton lors de son discours à l’université de Stanford.

 
La candidate à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle américaine estime que les « alliances globales » sont la clef pour mettre fin au terrorisme. Hillary Clinton s’exprimait mercredi à l’université de Stanford sur la politique étrangère. Les attentats de Bruxelles, a-t-elle dit, constituent un « rappel brutal » du devoir qui est aujourd’hui celui des Etats-Unis et de leurs alliés : « Nous ne pouvons pas contenir ISIS (l’Etat islamique). Nous devons vaincre ISIS. » Cette bataille globale dont l’ex-secrétaire d’Etat américain sonne le rassemblement s’accorde parfaitement à la pensée mondialiste. Seuls, dit-elle en substance, les Etats souverains ne peuvent rien.
 
L’idée de s’allier contre un ennemi commun n’a rien de nouveau ni d’original. L’Europe – pour ne nommer que ce cas précis – a justement su s’unir largement contre l’Ottoman à Lépante (la France exceptée…) et la victoire de Vienne lors du second siège turc de la ville avait vu la Pologne venir au secours des forces impériales. Encore ne s’agissait-il pas de terrorisme ou de guerre de guérilla. Et à la différence de ce qui ce passe en ce XXIe siècle, ce ne sont pas des ingérences des « alliés » qui ont alimenté l’agressivité de l’islam radical, ou contesté le pouvoir qui était en mesure de le contenir…
 

A l’université de Stanford, Hillary Clinton réclame davantage de mondialisme

 
Hillary Clinton voit les Etats-Unis comme leaders naturels de cette lutte globale contre le terrorisme. Globale parce que « la menace que pose le terrorisme est réelle, elle urgente et elle ne connaît pas de frontières ».
 
Devant une salle comble où se pressaient aussi bien des étudiants de Stanford que le personnel et les enseignants, Mme Clinton a exposé son plan d’action en trois points.
 
D’abord, l’Occident doit se rendre compte du fait qu’il se trouve face à un adversaire qui ne cesse de s’adapter et qui opère sur l’ensemble du globe. Deuxièmement, il est vital que les Etats-Unis et leurs alliés, spécialement en Europe, renforcent leurs partenariats et leurs efforts pour mettre fin au terrorisme. Et pour finir, l’approche la plus efficace se focalise sur ce qui fonctionne concrètement pour lutter contre le terrorisme – et cela ne comprend ni les « rodomontades » ni la « rhétorique irréaliste », a-t-elle dit.
 
Ceux qui ne verraient dans ces propos qu’une rhétorique irréaliste ne seraient que des mauvais esprits…
 
On ne reprochera pas à Hillary Clinton d’accuser l’Etat islamique de génocide à l’égard des minorités religieuses et ethniques, ni de massacres d’innocents, sans compter les viols et les violences à l’égard des femmes et des jeunes filles.
 

La pensée de Hillary Clinton sur le terrorisme : bombarder les places fortes de l’Etat islamique

 
Les solutions proposées – bombarder davantage les places fortes de l’Etat islamique (ce que les Etats-Unis ont jusqu’ici fait moins bien que la Russie), mieux équiper les forces d’opposition arabes et kurdes, doper les efforts diplomatiques pour réduire l’emprise de la guerre civile en Syrie – ne sont que des poursuites d’efforts classiques déjà entrepris et dont on ne voit guère le résultat. Surtout sur des cellules terroristes dont le propre est justement de ne pas dépendre d’un territoire précis et de pouvoir agir en électrons libres.
 
Démanteler le réseau de soutien financier et matériel aux terroristes, y compris en ligne comme le dit Mme Clinton ? Encore une bonne idée plus facile à exprimer qu’à mettre en œuvre. Et qui ne manque pas de sel, venant d’une personne qui a eu la charge de secrets défense et qui a laissé circuler ces données sur des ordinateurs personnels non sécurisés…
 
Avant tout, Hillary Clinton veut justement sécuriser l’internet pour trouver le bon équilibre entre les libertés civiles et les besoins sécuritaires, notamment par rapport aux techniques de cryptage. « Il y des soucis légitimes par rapport à la vie privée », a-t-elle déclaré, mais elle veut que la communauté internet et le gouvernement cessent de se considérer comme adversaires, pour travailler ensemble.
 
Vantant les retours sur investissements de la politique américaine à l’égard de l’Europe, Hillary Clinton a plaidé pour l’OTAN.
 

Plus d’Europe, plus de mondialisme pour venir à bout du terrorisme ?

 
Elle a également encouragé les banques européennes à couper les fonds circulant vers « le terrorisme ». Les Etats européens doivent s’engager davantage dans cette lutte et il faut mettre fin aux allers et venues des recrues terroristes entre le Proche-Orient et l’Europe. « Tarir ce flot exigera une bien meilleure coordination entre tous les pays concernés », a-t-elle dit, ce qui suppose de mieux partager les données des voyageurs entre Etats membres.
 
Mais pas un mot pour dénoncer la politique d’accueil des migrants qui de manière générale, ne passent pas par les aéroports mais profitent du chaos aux frontières de l’Europe, avant de profiter de celui du chaos qui résulte de la facilité de circulation à l’intérieur de l’espace européen…
 
Sans surprise, Hillary Clinton a dénoncé la « rhétorique incendiaire » qui « diabolise » les musulmans – il paraît qu’elle empêche les musulmans modérés de coopérer avec les forces de l’ordre. L’islam ne serait donc pas au cœur de ce problème dont les Etats-Unis seraient seuls à pouvoir venir efficacement à bout : seuls les Etats-Unis peuvent mettre en mouvement « une action commune à une échelle globale », a conclu la candidate à la présidence, car « l’Amérique est une grande nation ».
 
On peut supposer qu’il s’agit là des grandes lignes de la future politique étrangère de Mme Clinton si, investie par son parti, elle fait son entrée à la Maison Blanche. Elle s’affiche partisane d’un mondialisme dirigé par les Etats-Unis. Ce n’est pas nouveau, mais on peut dire d’ores et déjà que ce mondialisme n’œuvrera pas au bénéfice des peuples souverains – et surtout pas au bénéfice du peuple américain.
 

Anne Dolhein