François Hollande se prononce pour un renforcement de la zone euro

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Profitant de la circonstance de l’anniversaire de Jacques Delors, qui fête, ce lundi, ses 90 ans, François Hollande a affirmé dimanche sa volonté d’un renforcement, mieux d’une « avant-garde » de la zone euro, afin de régler les problèmes qui secouent aujourd’hui l’Union européenne par une affirmation supplémentaire d’Europe.
 
Dans une tribune publiée par Le Journal du Dimanche, François Hollande affirme indispensable le renforcement de l’Union européenne. « La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce, écrit le chef de l’Etat, qui n’est plus à une contre-vérité ou une ânerie près. La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L’esprit européen a prévalu. » 
On comprend, rien qu’à lire ces trois lignes, pourquoi ses pairs tiennent le président de la République française pour un crétin pompeux… Le lecteur voudra bien pardonner ce geste d’humeur et d’agacement. La rencontre régulière d’amis étrangers, qui rigolent désormais en parlant de la France, souligne assurément le peu de crédit qui est celui, aujourd’hui, de nos dirigeants politiques.
 

François Hollande pour un renforcement de la zone euro

 
Mais François Hollande n’hésite pas à continuer dans le même registre. « J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un parlement pour en assurer le contrôle démocratique. »
 
Et d’ajouter, en forme de morne auto-critique sur la poitrine de ses prédécesseurs : « Jacques Delors (…) a, tout le temps de sa présidence de la Commission, voulu que l’Europe puisse être celle des citoyens. Convenons que c’est là que le bât a blessé depuis vingt ans ! »
 
Dès lors, François Hollande peut se permettre de conclure : « Ce choix appelle une organisation renforcée et avec les pays qui en décideront, une avant-garde. La France y est prête parce que, comme Jacques Delors nous l’a montré, elle se grandit toujours quand elle est à l’initiative de l’Europe. »
 
Soulignons quelques-unes des contre-vérités avancées par le chef de l’Etat. La première est flagrante : comment peut-il parler de cohésion dans l’affaire grecque, alors que ce dossier n’a cessé de souligner les divisions internes à l’Union européenne ? Au point que certains s’inquiètent, au moment même où le chef de l’Etat embouche son pipeau, d’un risque d’éclatement de l’union monétaire.
 

Le président français n’a que le choix de suivre l’Allemagne

 
D’un côté l’Allemagne, soutenue notamment par les Pays-Bas et la Finlande, refuse de payer, encore et toujours, pour la Grèce aujourd’hui – comme pour d’autres dossiers délicats hier. Jusques à quand ? Et pour qui ? Demain, pour la France ?
 
De l’autre, la France de François Hollande, soutenue par exemple par l’Italie a voulu marquer plus de solidarité. A quel prix ? D’un renforcement de la zone euro, dont il fait mine de prendre l’initiative pour mieux le faire accepter à l’opinion publique française ? Il semble pour l’heure hasardeux de se prononcer, même si les dispositifs qui nous pressurent se mettent petit à petit en place.
 
Mais cette place de la France est une autre contre-vérité assénée par François Hollande. Certes, comme il le dit aussi, la France a pu avoir un rôle de premier plan dans la construction de l’Union européenne. Mais il est profondément mensonger de l’affirmer aujourd’hui, au présent. D’ailleurs, cette proposition de gouvernement de la zone euro a été formulée depuis fort longtemps par… Angela Merkel. Il y a quatre ans, le chancelier allemand avait fait de cette idée son cheval de bataille, avec l’aide, alors, de Nicolas Sarkozy – qui aujourd’hui veut tempérer cette idée pour mieux la reprocher à son successeur.
 
Ceux donc qui souligne qu’Angela Merkel se rallie à cette idée aujourd’hui n’ont guère suivi le fil de l’histoire. Il est bien évident que c’est François Hollande – qui n’a jamais su, en cette affaire européenne, faire autre chose que se rallier au plus fort – qui se rallie à Berlin.
 

De deux maux il faut choisir le supérieur…

 
Ce faisant, il fait semblant de ne pas s’apercevoir qu’il met ainsi les pouces sur la question grecque. Proposer une avant-garde de la zone euro revient, en fait, à laisser de côté ceux qui n’arriveront pas à suivre. Une Europe à deux vitesses, en quelque sorte, qui n’a cessé d’être le leitmotiv allemand.
 
Ce faisant aussi, François Hollande espère peut-être répondre aussi aux critiques de la Commission européenne qui ne cesse de rabrouer la France sur ses défaillances structurelles et ses calamiteux résultats. Prendre aussi carrément le chemin de « plus d’Europe », c’est essayer d’éviter d’être pointé du doigt. Au niveau des Grecs…
 
En bref, si l’Union européenne ne marche pas, on va faire plus d’Union européenne. Pour ceux qui peuvent…
 
Jacques Delors ne dit pas autre chose qui, dans le même numéro du Journal du Dimanche, affirme : « Cela ne peut plus durer. Il faut refonder cette Union économique et monétaire. Vont-ils le faire ? Il y a eu un vice de construction au départ. Il y a eu aussi des bêtises et une incapacité de l’eurozone à y mettre fin. »
 
Si l’on veut bien lire entre les lignes ce que raconte l’un des pères de l’Union européenne, le vice de construction comme les bêtises se résument essentiellement à avoir laissé trop de bride sur le cou aux Etat-membres.
 
Que sera-ce dès lors ?
 
Nous n’allons pas tarder à l’apprendre, à le subir à nos dépens !
 

François le Luc