François Hollande fait interférer le sommet européen dans la campagne présidentielle

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L’unité des Européens, tel est désormais le cheval de bataille de celui qui n’est déjà presque plus qu’un mauvais souvenir de la politique française. Ce disant, François Hollande prétend tout simplement interférer dans la campagne présidentielle française, puisque, devant la déconfiture de sa famille politique, il invite ni plus ni moins ses partenaires européens à s’engager, non seulement pour faire barrage à l’extrémisme qu’incarnerait Marine Le Pen, mais aussi, ce qui prouve l’état d’esprit de fuite en avant de l’actuel locataire de l’Elysée, pour s’interroger sur le projet de Benoît Hamon, candidat officiel du Parti socialiste de plus en plus abandonné par l’actuel pouvoir en place, qu’il soupçonne de diviser la gauche…
 
A moins de deux mois de l’élection présidentielle, et alors que les partenaires européens sont déjà empêtrés dans les faiblesses constitutionnelles de l’Union européenne que ravive le tout prochaine 60e anniversaire du traité de Rome, le président de la République française n’a rien trouvé de mieux que d’appeler à son secours, comme il l’avait fait, dans les rues de Paris, au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo, le ban et l’arrière-ban des caciques européens, pour lutter contre la progression flagrante de l’extrême droite française.
 

Sommet européen : l’agitateur Hollande appelle au secours

 
« Ce que j’attends de tous les Européens, les chefs d’Etat de gouvernement, c’est de bien faire comprendre pourquoi il faut faire l’Europe et de chasser les égoïsmes nationaux parce que si chacun vient ici chercher son seul intérêt, ce sera autant d’arguments pour les souverainistes, les nationalistes, les extrémistes pour plaider pour une sortie de l’Union européenne et de la zone euro », a ainsi déclaré François Hollande.
 
Pour défendre cette curieuse position de la part d’un homme qui prétend, devant le peuple, être démocrate, le chef de l’Etat aura aligné les poncifs :
 
« Il faut convaincre ceux qui doutent. Il faut leur dire : “Imaginez ce que serait l’Europe sans l’Europe, l’Europe sans l’Union.” »
 
« Que serait la France sans l’Union européenne ? »
 
« L’Europe permet de faire à vingt-sept ce que l’on ne serait pas capable de faire tout seul, y compris pour lutter contre le terrorisme, contre les inégalités, la pauvreté et même contre l’immigration. »
 
« On est mieux ensemble et on est plus fort à plusieurs. »
 
J’en passe, et des meilleures…
 

La campagne présidentielle française se jouerait-elle à Bruxelles ?

 
Le seul point où, à son corps défendant, François Hollande a raison, c’est quand il lie son destin à celui du Léviathan européen. De fait, la déconfiture de la gauche française est liée à celle de Bruxelles. Au point que, une fois encore, la décision prise au sommet bruxellois d’avancer à plusieurs vitesses, n’est en réalité qu’un constat d’échec, mal déguisé, du projet européen. A l’heure où celui-ci s’écroule, frappé à mort par l’inconséquence politique de ses responsables, il peut paraître tout simplement relever de la schizophrénie que de vouloir se jeter dans les remous d’un navire en train de couler.
 
François Hollande, dans son discours, illustre parfaitement, parmi d’autres exemples et le talent en moins, le Radeau de la Méduse. Comme la décision de reconduire le Polonais Donald Tusk à la présidence du Conseil européen contre l’avis de son pays. Et alors même que Varsovie a demandé sa convocation dans une enquête concernant le contre-espionnage. Mais alors que ce genre de déni politique est, paraît-il, scandaleux en France, il semble que, au niveau des arcanes bruxellois, ce ne soit pas le cas.
 
Cet exemple, mis en exergue par la rigueur de la Pologne, vient ainsi de souligner que l’Union européenne n’est même plus une réalité de papier, puisqu’il n’y a plus désormais de consensus possible sur un sujet réputé important.
 

Hubert Cordat