L’ICANN peut aider la Chine à sécuriser le cyberespace… Sic !

ICANN Chine sécuriser cyberespace
 
Le site de réflexion sur la neutralité et le bon fonctionnement d’Internet, CircleID, vient de publier un article à la gloire de la Chine qui a proposé récemment une « Stratégie internationale de coopération pour le cyberespace ». On savait qu’avec l’abandon par les Etats-Unis de ses droits sur la distribution et la gestion des noms de domaine, l’organisme ICANN, le risque était grand de voir l’ONU, soutenue par les pays plus tyranniques, prendre la main sur cet espace de liberté. Aujourd’hui, les milieux Internet sont prêts à applaudir devant les ambitions chinoises en vue de sécuriser le cyberespace. Mais oui !
 
L’article publié par CircleID sous la plume de Gregory Francis présente d’emblée la proposition chinoise comme un progrès proposé par cet « Etat coopératif à parti unique », délicat euphémisme pour parler d’un pays toujours ouvertement communiste. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un document « qui commence avec des principes, qui parle souvent de coopération, et qui détaille avec précision les approches bilatérales et multilatérales favorisées par ce pays ». « A n’importe quelle aune », poursuit Francis, « il s’agit là d’une bonne pratique sur la base de la pierre angulaire du système international. C’est un cadeau fait à ceux qui voudraient voir l’Internet gouverné autrement ». On croit rêver !
 

La Chine, championne des libertés sur Internet ?

 
L’article se poursuit en notant qu’il y a certes des motifs d’inquiétudes qui ont d’ailleurs été mises en avant par la presse. Ainsi le document chinois propose que l’ONU « établisse des principes de base pour les Etats et autres acteurs en vue de réguler leurs comportements », que la prévention tous azimuts de l’utilisation d’Internet par des « terroristes afin de répandre une idéologie extrémiste » soit mise en place, sans déterminer qui est terroriste, ou encore l’appel à une « gouvernance omni dimensionnelle et à multiples étages ».
 
Cela n’émeut pas trop Gregory Francis qui se félicite de la transparence de ses propositions, preuve selon lui que la Chine n’entend pas avancer masquée.
 
Un petit cours de marxisme-léninisme ne lui ferait décidément pas de mal…
 

L’ICANN sécurisera le cyberespace grâce à la Chine, tiens donc !

 
Ce qu’il en retient, lui, c’est la proposition de la Chine de donner davantage de pouvoir à l’ONU dans la gestion du cyberespace, à laquelle se joindraient, mais en deuxième lieu, les gouvernements, les organisations internationales, les sociétés d’Internet, les communautés technologiques, les ONG et les citoyens eux-mêmes afin de mettre en place les « principes de base pour que les Etats régulent leur comportement dans le cyberespace ».
 
Ces bons éléments, suggère Grégory Francis, directeur d’Access Partnership, peuvent être retenus dans une négociation qui obligera la Chine à renoncer aux pires aspects de la politique qu’elle propose dans sa Stratégie.
 
L’ONU garante des libertés face à la Chine ? Non, elles avanceraient la main dans la main…
 

Anne Dolhein