10 actions immédiates pour l’Union européenne et un sommet à Bruxelles face aux naufrages en Méditerranée : l’immigration voulue

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« Si nous n’agissons pas maintenant, la crise va prendre des proportions dangereuses dans les mois qui viennent ». Tels ont été les mots du commissaire européen Dimitris Avramopoulos, lundi, pour présenter son plan d’action à la presse, aux côtés de tous les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur de l’UE, réunis d’urgence au Luxembourg. L’Union européenne n’envisage pas moins de dix actions immédiates pour mettre un point d’arrêt aux naufrages en Méditerranée de ces « boat-people » de l’immigration en Europe. Le plan global doit être soumis jeudi aux chefs d’État et de gouvernement de l’UE lors d’un sommet extraordinaire à Bruxelles. La cause initiale : le dernier naufrage survenu dans la nuit de samedi à dimanche, au large des côtes libyennes.
 

800 morts dans le dernier naufrage en Méditerranée

 
Tôt, ce matin, des représentants du Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) ont confirmé le chiffre des victimes, après avoir parlé aux 27 survivants arrivés au port de Catane dans la nuit. « Il y avait un peu plus de 800 personnes à bord, dont des enfants de 10, 12 ans. Il y avait des Syriens, environ 150 Erythréens, des Somaliens… » Le chalutier qui les transportait aurait chaviré sous l’effet d’un mouvement de foule alors qu’approchait un cargo portugais appelé à son secours.
 
« Nous ne pouvons accepter que des centaines de personnes meurent en essayant de traverser la mer pour venir en Europe », a dénoncé le président du Conseil européen, Donald Tusk. Ils prévoient dans un premier temps un renforcement des moyens de l’agence Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières, en particulier par le doublement des moyens de son opération de surveillance maritime Triton.
 

La complainte politique de l’Union européenne

 
Rien, cependant, n’a pas été imposé. Ce sont les chefs de gouvernement européens qui ont réclamé d’eux-mêmes cette réunion, italiens – qui n’en peuvent plus – mais aussi anglais, espagnols. La chancelière allemande Angela Merkel s’est dite bouleversée par ce nouveau drame, prête à tout pour renforcer leurs efforts. « Il faut plus de moyens, plus de bateaux », a insisté le ministre de l’Intérieur français Bernard Cazeneuve.
 
Ils voudraient lutter contre les passeurs criminels et ceux qui les financent, en lançant une opération systématique pour capturer et détruire les navires utilisés, partant dans la majorité des cas de la Libye. Le souci est qu’il faut, qu’il faudrait, dans la logique mondialiste dans laquelle s’enferment nos dirigeants, un mandat de l’ONU pour pouvoir agir dans les eaux territoriales libyennes et que la situation est rendue quasi impossible par le chaos politique et social du pays menée par l’État islamique depuis l’effondrement des instances étatiques.
 
Le porte-parole d’Angela Merkel, Steffen Seibert, a presque posé la bonne question : « Comment pouvons-nous agir en Libye et sur la Libye pour empêcher que la situation de politique intérieure compliquée ne laisse la voie complètement libre aux trafiquants d’êtres humains pour leur business criminel ? »
 

Opération culpabilisation : l’Europe accusée doit réagir…

 
Ce n’était point, en revanche, la préoccupation du président du Conseil européen, Donald Tusk. Son discours s’est concentré sur l’Europe, uniquement sur l’Europe, et sa quasi charte d’accueil qu’elle devra, à l’avenir, observer… Comment arrêter les trafiquants d’êtres humains, sans doute, peut-être, mais surtout, « comment augmenter nos efforts communs pour sauver les gens dans le besoin, comment mieux aider les États membres les plus touchés, et comment accroître notre coopération avec les pays d’origine et de transit »… De toute façon, il n’y a « pas de solutions rapides aux causes profondes des migrations ».
 
Si l’Europe n’améliore pas sa politique, elle sera bientôt accusée de meurtre. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini n’ a pas dit autre chose : « Nous n’avons plus d’alibi. L’Union européenne n’a plus d’alibi, les États membres n’ont plus d’alibi ». « On a besoin de mesures immédiates de la part de l’UE et des États membres, mais aussi une meilleure répartition de l’accueil des migrants au sein de l’Union. » Et de rappeler, comme une menace, les valeurs des droits de l’Homme qui ont « construit » l’Europe…
 
Ouvrez les vannes.
 
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a même qualifié de « cyniques » les politiques migratoires de l’UE, accusant Bruxelles de transformer la Méditerranée en un « vaste cimetière ». Et la grosse presse européenne lui a emboîté le pas – à moins qu’elle ne l’ait devancé – dans un concert unanime d’accusations à peine voilées, fustigeant une « politique d’asile macabre », dénonçant « la honte » et « l’infamie » de l’Europe, à droite comme à gauche… Une culpabilisation ad hoc.
 

L’immigration voulue

 
L’Australie s’embête moins. Ce matin, mardi, le Premier ministre australien Tony Abbott a recommandé à l’UE de suivre l’exemple de son pays, en refoulant systématiquement les migrants arrivant par la mer. Alors que sous le régime travailliste, les arrivées étaient quotidiennes et que des milliers de réfugiés faisaient naufrage, la politique fortement dissuasive mise en œuvre par la droite a bel et bien tari la pompe. Une politique évidemment immorale et même illégale au vu du droit européen… C’est bien le problème et la raison de l’impasse actuelle.
 
L’Europe veut cette impasse. Qu’importe si l’État Islamique a plusieurs fois averti qu’il l’envahirait via cette porte de la Libye, « partenaire » méditerranéen idéal. Et que dans les afflux massifs de migrants, de demandeurs d’asile en détresse, qu’il provoquerait, il y aurait aussi des djihadistes.
 

Clémentine Jallais