Indice de volatilité des marchés boursiers : l’optimisme de Wall Street atteint des records

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On n’avait pas vu cela depuis 24 ans : l’indice de volatilité (connu sous l’abréviation VIX) de Wall Street est au plus bas, synonyme d’un optimisme au plus haut depuis 1993. Cet instrument de mesure, connu également sous le nom d’« indice de la peur », permet d’évaluer la confiance des investisseurs. Avec un taux de 9,72 lundi les marchés boursiers américains affichent une apparente bonne santé qu’aucune crainte ne vient troubler.
 
Il ne s’agit pas de quelque sondage ou enquête psychologique : l’indice de volatilité se calcule d’après les « mises » sur les achats d’options, en comparant le nombre d’achats pariant sur une hausse et celui des achats qui anticipent une baisse de la Bourse. Lorsque la « peur » des investisseurs est importante, le VIX dépasse les 30. A l’inverse, le niveau passe sous les 20 quand la confiance est forte. C’est donc un marché très optimiste que l’on peut constater actuellement aux Etats-Unis.
 

L’optimisme record de Wall Street : du jamais vu depuis 24 ans

 
On peut même parler de confiance excessive, trop rapidement installée dans l’esprit des traders. L’indice a chuté de 45 % en moins d’un mois entre le 13 avril et lundi dernier. The New American rappelle des dégringolades de même ampleur, mais beaucoup plus lentes, qu’on a pu constater par exemple entre le 8 octobre 1998 et le 27 mars 2000 (- 45 %) ; il a fallu attendre le 5 octobre 2007 pour constater une baisse de 64 %. Mais le 27 mars 2000 et le 5 octobre 2007 sont des dates gravées dans la mémoire des investisseurs : ce sont des derniers jours de fermeture à la hausse de l’indice Standard & Poors à la veille d’une plongée des marchés.
 
Il faut souligner que ces douches froides n’ont rien d’automatique. Le VIX ne permet pas de prédire l’évolution du marché. La cote des actions peut continuer de progresser pendant des semaines et des mois alors que la confiance est au beau fixe. Il y a d’autres indicateurs, cependant, qui pourraient tempérer cet optimisme.
 
L’un d’entre eux analyse le niveau d’endettement accepté par les investisseurs en vue d’acheter de nouvelles actions. La relation entre la dette sur marge et l’index S&P 500 mérite être prise en considération. La dette sur marge a atteint des niveaux étonnants à la fin de 1999, avant de plafonner en mars 2000, au même moment où l’index S&P atteignait son plus haut niveau de tous les temps. Mais dès le mois d’avril, l’index avait perdu près de 50 %.
 

L’indice de volatilité des marchés boursiers au plus bas : une confiance excessive ?

 
Nouvelle montée de la dette sur marge en 2006, avec une pointe en 2007 : c’était trois mois avant que le marché ne s’effondre dans des proportions similaires.
 
En janvier dernier, la dette sur marge, en valeur corrigée par rapport à l’inflation, a atteint son plus haut niveau jamais enregistré. Au seul mois de février, elle a augmenté de près de 2 %, et le rythme a même accéléré en mars.
 
Autre signe qui justifierait une moindre « complaisance » : la vente de voitures aux Etats-Unis décline depuis plusieurs mois et les chiffres d’avril ont même été en baisse spectaculaire. Les ventes de Ford étaient de 7,1 % plus bas qu’à pareille époque en 2016. Celles de Fiat Chrysler étaient en baisse de 7 %, Tout comme celles de Honda. Toyota a perdu 4,4 % par rapport à avril 2016.
 

L’indice de volatilité, ou VIX, n’est pas un indicateur de la tendance réelle du marché

 
Dans le même temps, les véhicules invendus s’entassent chez les négociants. Le stock était de 681.000 véhicules en attente d’acquéreur en avril 2016 ; le mois dernier, il atteignait 935.000, soit 40 % de plus. Cela va de pair, naturellement, avec un repli de l’embauche chez les constructeurs automobiles : il y a deux ans, ils embauchaient 40.300 personnes contre 2.400 seulement ces 12 derniers mois. Et dans le même temps, l’endettement pour l’achat de véhicules a subi une hausse spectaculaire pour atteindre 200 milliards de dollars, étant précisé que la proportion de prêts subprime – c’est-à-dire faiblement garantis – atteint désormais un tiers du total, contre 5 % il y a sept ans. Les risques de non remboursement incitent les prêteurs à mettre de côté des réserves importantes.
 
On note également une hausse des défauts de paiement sur les cartes de crédit : Capital One, Amazon et Walmart, très actifs dans ce secteur, affichent une hausse de 28 % pour le premier, de près de 5 % pour les seconds, en espace d’un an.
 
Ce sont autant de raisons qui pourraient inciter les investisseurs à la prudence. Le meilleur n’est jamais certain.
 

Anne Dolhein