POLICIER/DRAME HISTORIQUE
Infiltrator ♥♥♥


 
Infiltrator est un titre en langue anglaise signifiant l’infiltré. Il est donc question d’un policier qui infiltre une organisation criminelle. C’est une action des plus utiles à la justice, puisque l’infiltré peut collecter en interne une masse de preuves. L’exercice est beaucoup plus facile que lors d’une enquête classique. Ce travail est néanmoins moralement blâmable et pratiquement difficile : un homme honnête, qui tient à faire respecter la loi, doit se comporter comme un criminel ; sinon, il est démasqué, n’étant pas jugé crédible par les bandits, et son infiltration échoue. Le travail d’infiltré est des plus dangereux : un infiltré reconnu comme tel par les criminels est non seulement assassiné, mais effroyablement torturé auparavant, avec en outre des risques élevés de vengeance sur toute sa famille. Il y a là de quoi réfléchir pour un père de famille. Or, le héros infiltré, Robert Mazur n’a pas hésité.
 
Infiltrator, relevant par essence du genre policier, se rattache au drame historique, du fait de la reconstitution soigneuse d’une époque révolue, les années 1980, l’époque du président Reagan, allant jusqu’à la reconstitution de faits historiques avérés. Robert Mazur, l’agent infiltré sur plusieurs années dans le monde mafieux de Floride, a en effet contribué de manière décisive à l’arrestation de dizaines de membres actifs ou associés du cartel de la drogue colombien du célèbre Pablo Escobar (1949-1993). Le film raconte cette histoire, et le fait fort bien. Sans perdre de vue le personnage principal, il compose une fresque de nombreux personnages secondaires, de tous les milieux, qui interagissent. Les acteurs réussissent à s’immerger pleinement dans leurs rôles. Aucun ne sonne faux. Ceux qui interprètent les mafieux ne cherchent pas à surjouer ou le chef extravagant, ou le sicario (tueur professionnel mafieux) colombien, suivant des travers trop courant.
 

Infiltrator : une reconstitution exceptionnelle et une narration maîtrisée

 
Il est assez fascinant de retrouver le travail réel de la police américaine. L’infiltré se voit soigneusement construire une identité propre, à partir des papiers d’un mort d’un âge correspondant au sien. Il possède des comptes en banque bien approvisionnés, des logements et voitures de luxe, même une fiancée – agent infiltré elle aussi – et un garde du corps attitré. Ce dernier a été pris parmi les détenus d’une prison de Floride, délinquant authentique, donc crédible dans son rôle, ravi de sortir un temps, et ami personnel du policier. La police française ne pourrait procéder ainsi ; il y a un décalage étonnant entre les deux côtés de l’Atlantique.
 
Infiltrator séduit les amateurs du genre par cette reconstitution exceptionnelle et sa narration maîtrisée. Signalons seulement que le film n’est pas tout-public, les bandits ne fréquentant pas que les meilleurs lieux.
 

Hector Jovien

 
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